Liberté, égalité, carte d'identité. Les jeunes issus de l'immigration et l'appartenance nationale : Évelyne Ribert se demande ce que représente encore l'appartenance nationale pour les jeunes issus de l'immigration. Au-delà des préjugés, on ne connaît guère le point de vue des intéressés. C'est la raison pour laquelle Évelyne Ribert a mené pendant plus d'un an une enquête de terrain en Île-de-France. Le livre qui en est issu, émaillé de récits d'observations et de paroles d'adolescents, montre que si ces jeunes ont un rapport faible à l'appartenance nationale, ils revendiquent leur attachement aux valeurs républicaines de liberté et d'égalité. (Présentation de l'éditeur)
La loi Méhaignerie du 22 juillet 1993 (abrogée par la loi Guigou de 1998) a remplacé, pour les enfants nés en France de parents étrangers, l'obtention automatique de la nationalité française à la majorité par une procédure de manifestation de volonté. Cette thèse étudie les effets de cette réforme et, plus précisément, de l'instauration d'une procédure de manifestation de volonté, celle-ci est-elle parvenue à rendre conscient le passage d'un statut national à un autre et importante l'obtention de la qualité de Français, comme l'espérait la Commission, ou a-t-elle eu les conséquences négatives redoutées par les adversaires de cette réforme.
Ce texte est le résultat d'une recherche de terrain sur les jeunes nés en France de parents étrangers, face au choix de la nationalité - imposé par la loi Méhaignerie du 22 juillet 1993. L'instauration de la procédure de manifestation de volonté ne semble pas avoir renforcé le sentiment d'appartenance nationale des candidats à la citoyenneté comme la commission de la nationalité l'avait souhaité en instituant "un passage conscient d'un ensemble national vers un autre". Les jeunes interviewés ignorent souvent quelle est leur nationalité, se sentent plus ou moins contraints de prendre la nationalité française et ne savent en général pas que le code de la nationalité a été réformé. L'un des effets les plus importants de la mise en place d'une démarche volontaire est de faire exister la deuxième génération, à savoir d'identifier ces jeunes d'abord par leur nationalité et leur culture d'origine. De plus, cette loi a accrédité l'idée que ces jeunes auraient, en vertu de leur double culture, des problèmes d'identité. Le sentiment identitaire ne semble pas résulter d'une référence culturelle mais de l'identité assignée d'autrui. Il est aussi susceptible de varier selon les situations et les interlocuteurs.