L'ambition de la théorie de l'ethnicité, selon l'auteur, inspiré par Max Weber, est de comprendre les identités et les conflits qui traversent les sociétés libérales, et assujettissent certains groupes à une citoyenneté de seconde classe. Les seuls préjugés racistes ne suffisent pas à expliquer les discriminations, il faut remonter jusqu'au moment où se sont constitués les empires coloniaux, pour comprendre la relation entre identités et citoyenneté. L'ethnicité est une " entité complexe et un outil pour les minorités discriminées pour accéder aux pleins droits du citoyen ".
Depuis le début des années 1990, plusieurs Etat-nations se sont constitués ou ont amorcé un processus de formation, ainsi en Europe de l'Est (éclatement de l'Union soviétique et de la Yougoslavie). Il n'en reste pas moins qu'aujourd'hui la nation est visiblement en train de perdre une partie importante de ses fonctions. Il s'agit principalement de la crise de l'économie nationale conçue comme territorialement définie et formant un bloc dans l'ensemble de l'économie mondiale. L'économie transnationale exerce son influence sur les fonctions économiques des Etats et les oblige à repenser leurs rôles.
Le Canada soutient par tradition la doctrine des deux peuples fondateurs (two founding peoples) francophone et anglophone. L'auteur trouve ambigu le sens que l'on attribue au nationalisme et à l'indépendance du Québec. D'une part, le Québec ne peut pas être satisfait du simple statut de province "comme les autres". De l'autre, le Canada anglophone ne "peut" pas concéder plus. En outre, les nationalismes canadien et québécois doivent résoudre des problèmes similaires face à la globalisation. Le nationalisme québécois a traditionnellement été soutenu par l'identité ethnique, l'Etat, les institutions, les traditions et les pratiques de la société civile. Aujourd'hui, l'Etat et l'identité nationale semblent reculer devant les particularismes ethniques au Canada comme au Québec.
Cet essai analyse les causes et les implications du conflit ethnique. Pour mieux saisir les enjeux de cette notion, il présente un état des lieux des principales définitions du conflit ethnique, notamment celles de type systémique, domestique et lié aux perceptions. Les liens entre les implications régionales et internationales du conflit ethnique sont aussi mis en exergue. Les typologies ainsi envisageables à l'issue d'un conflit ethnique sont la réconciliation pacifique, la séparation pacifique, la guerre ethnique. C'est principalement ce dernier cas de figure qui peut entamer les intérêts stratégiques du reste du monde et engendrer de multiples réactions.
L'article synthétise une phase très importante du conflit en Irlande du Nord, entre la deuxième moitié des années quatre-vingt et le début des années quatre-vingt-dix. En particulier, l'auteur analyse le glissement des positions britanniques sur la question entre l'accord anglo-irlandais de Hillsbourg (1985) et la déclaration de Downing Street (1993).
Lorsqu'on étudie l'existence de gens dispersés dans le monde, la notion de diaspora peut être conçue comme une dimension de la vie tribale. Toute communauté a tendance à conserver des liens entre les membres qui ont migré et ceux qui sont restés. Du fait de la communication de masse, de la globalisation, du post et néo-colonialisme, les circuits diasporiques ont été restructurés de façon sélective selon des dynamiques internes et externes. Avec le déploiement des formes culturelles diasporiques contemporaines, les déplacements tribaux et les réseaux se sont différenciés. La frontière entre cultures tribales et diasporas est quand même floue et mobile. L'opposition entre diaspora et tribu est une sorte de terrain vague, une zone de contraste relationnel qui inclut la similarité et embrouille les différences.
L'essai présente une analyse de la tragédie yougoslave de façon rétrospective. Il précise que les symptômes d'une rupture formelle et du malaise yougoslaves étaient connus par les gouvernements occidentaux bien avant la guerre qui a brisé l'unité de la Yougoslavie au début des années quatre-vingt-dix. L'auteur considère que, dans la mesure où les puissances internationales n'ont pas vu leurs intérêts nationaux menacés, elles n'ont pas risqué une intervention militaire directe.
Ce texte aborde la question de l'ethnicité en se référant à des groupes et à des identités qui se sont développés dans le contact réciproque. L'ethnicité est alors analysée comme un aspect des relations sociales entre des agents qui se considèrent culturellement différents des membres des autres groupes, avec qui ils sont susceptibles d'entretenir régulièrement un minimum d'interaction. L'ethnicité peut être alors assimilée à une forme d'identité sociale vis-à-vis des autres, identité qui est caractérisée par une relation métaphorique ou fictive.
Le nationalisme est ici présenté comme un principe politique capable de maintenir l'unité politique et nationale de façon cohérente. L'appartenance nationale n'est pas un attribut inhérent à l'humanité. Il n'en reste pas moins que de nos jours elle est considérée comme telle. Les nations et les Etats ne sont pas une nécessité universelle : ils n'existent pas à toute époque et dans toute circonstance. De même, ils ne sont pas le résultat de la même contingence. C'est l'idéologie nationaliste qui fait en sorte que leurs destins apparaissent indissolublement liés.
Le texte propose une analyse du nationalisme à partir du cas catalan. La pensée nationaliste est une doctrine de légitimation politique susceptible de multiples usages et interprétations. Elle peut être liée à la xénophobie et au racisme ainsi qu'aux mouvements qui défendent les droits des peuples opprimés. Il n'y a pas d'accord sur la définition du nationalisme, néanmoins il s'agit d'une des principales idéologies de ce siècle. L'auteur décrit la plate-forme qui a favorisé le développement des pricipaux partis politiques clandestins et des organisations s'opposant au franquisme en Catalogne (1971) ainsi que leur dissolution au moment de la proclamation de la démocratie. A cette époque les partis politiques plus importants de Catalogne ont opté pour la perspective d'une identité catalane "menacée" : ils sont ainsi devenus nationalistes.
L'auteur étudie la notion d'ethnie à partir de groupes humains ayant des mythes ancestraux, un passé et une culture enracinés dans un territoire spécifique et avec un sens de la solidarité. La notion d'ethnicité est analysée à partir de ses caractères principaux : sa persistente capacité à changer, à absorber les influences extérieures de l'autre et la persistence du groupe à travers le changement.
L'auteur distingue la notion de société multiculturelle de celle de société plurielle. En ce qui concerne le Royaume-Uni il privilégie l'expression de différentes formes d'incorporations dans la société plutôt que celle de multiculturalisme. Dans une société multiculturelle il distingue le domaine public - où il y a une seule culture fondée sur la notion d'égalité entre les hommes - du domaine privé qui permet la diversité entre les groupes. Le domaine public inclut l'univers des lois, de la politique, de l'économie et de l'éducation, à savoir la transmission des capacités et la perpétuation d'une culture civique. L'éducation morale, la socialisation primaire et les croyances religieuses inculquées dès l'enfance appartiennent au domaine privé. La structure du domaine privé des communautés minoritaires immigrées inclut la famille (jusqu'au pays d'origine), un réseau d'associations et un système d'organisation religieuse et de croyance. Les communautés minoritaires en Angleterre ont essayé d'établir un nouvel ordre social.
La nationalité (ainsi que le nationalisme) est ici présentée comme un artefact culturel de type particulier. La création de ces artefacts vers la fin du XVIIIe siècle a été le résultat du croisement complexe de plusieurs forces historiques présentes dans des lieux précis de l'Occident. Le caractère "modulaire" de ces artefacts leur a permis de s'adapter à de multiples contextes politiques et idéologiques. Ensuite, la convergence entre capitalisme et technologie de l'imprimerie a permis la constitution d'une nouvelle forme de communauté imaginée qui est le fondement de la nation moderne. La nation est ici définie comme une communauté politique imaginaire dans la mesure où ses membres partagent l'idée de leur propre "communion".
Cet essai analyse les traits principaux de l'ethnicité en relation au projet migratoire. Les communautés ethniques minoritaires peuvent avoir une existence plus ou moins permanente sur un plan international. Quand elles continuent à exister après quelques générations, le besoin de lutter pour l'égalité et le respect culturel est encore fort. Ce qui reste principalement est une ethnicité d'ordre purement symbolique, entraînant des festivals et des occasions spéciales et qui tente aussi de préserver la langue minoritaire. Dans la plupart des cas cette ethnicité est considérée par les autochtones comme une forme d'enrichissement exotique de leur propre culture. Au-delà de cette ethnicité purement symbolique, ni l'entretien d'une communauté migrante transnationale ni le développement d'organisations défensives communautaires ne semblent vraiment incompatibles avec un Etat national en train de se moderniser.