Depuis le milieu des années 90 les politiques et les débats publics danois ont progressivement pris le caractère de "paniques morales", avec une focalisation négative et disproportionnée sur les "étrangers". Cette dernière catégorie (renvoyant aux ressortissants non occidentaux et à leurs enfants) est progressivement apparue comme synonyme d'une autre catégorie, les "musulmans", et depuis l'an 2000 c'est de plus en plus en ces termes-là que l'altérité est désignée. Cet article étudie ce processus en mettant en relief les principaux changements d'ordre législatif et le cadrage des débats politiques, la xénophobie, visible mais marginalisée entre 1970 et 1994 devenant généralisée entre 1995 et 2000, alors qu'entre 2001 et 2006 les mesures du programme de l'extrême droite sont mises en oeuvre. La banalisation de l'islamophobie et la publication des caricatures conduisent à penser que l'imaginaire national danois serait en crise.