Les déplacements forcés de population entraînent des changements identitaires profonds et durables. Ces derniers se traduisent par une transformation du rapport au territoire et relèvent de ce fait de l'approche géographique même si le déplacement "spatial" n'est pas le facteur principal de bouleversement. Le Sud-Soudan est un cas d'autant plus intéressant que les migrations forcées dues à l'esclavage, puis aux guerres civiles successives, y sont anciennes et massives. Elles ont entraîné, dans leur diversité, des bouleversements socioculturels considérables qui tendent à brasser les peuples de l'ensemble de ce vaste pays. Elles se conjuguent avec une urbanisation rapide dans le Nord, en particulier dans les périphéries de Khartoum, la capitale.
L'ouvrage fait référence à tous ceux qui fuient une situation de crise extrême sur le plan politique, religieux, foncier, environnemental ou qui subissent un déplacement contraint du fait de politiques migratoires voulues par l'aménagement du territoire. Par mobilité sous contrainte, il faut entendre les mouvements collectifs, massifs, imposés parfois de manière brutale, tous induits par des forces d'expulsion vers un ailleurs qui n'a pas été souhaité. La diversité des cas analysés dans ce texte rend compte de la notion de réfugié et de déplacé dans le sens de leur définition première ainsi que de celle, plus restrictive, des organismes onusiens. La première partie de l'ouvrage tente de poser les jalons d'une classification entre déplacés, réfugiés, migrants économiques, demandeurs d'asile et exilés. Comment intervenir face à des situations si différentes ? La deuxième partie rassemble six études de cas, dont quatre en Afrique et deux en Asie du Sud-Est. Dans la troisième et dernière partie du livre les auteurs s'interrogent sur le rôle des sciences sociales à propos des connaissances qu'il faudrait acquérir afin d'accueillir au mieux les réfugiés.
L'Etat français considère le triplement du nombre de demandeurs d'asile politique depuis la fin des années 1980 en termes de détournement de la procédure d'asile par des immigrants économiques. L'auteur décrit la politique de dissuasion des demandes infondées et de restriction d'accès au territoire menée dans l'Hexagone. Si cette politique a réduit le nombre des demandes d'asile, elle a aussi restreint dans les mêmes proportions les possibilités effectives d'asile en France et le nombre de personnes reconnues comme réfugiées. Le développement des filières d'immigration clandestine est également à mettre au passif de cette politique qui empêche de fait les arrivées régulières de demandeurs d'asile. De plus, lorsque les déboutés inexpugnables n'obtiennent pas un droit au séjour du ministère de l'Intérieur, ils sont laissés en situation de non-droit et deviennent des "clandestins officiels".
Les "déplacés" sont des personnes qui ont été forcées de fuir leurs foyers dans l'urgence. Les causes des déplacements sont liées à une situation de conflits ou de troubles ou à des catastrophes naturelles. Leur protection est du ressort de l'Etat sur le territoire duquel ils se trouvent. Il n'existe pas, en droit international, de règles de droit relatives à la protection des personnes déplacées en particulier. Cependant, les droits de l'homme et le droit humanitaire contiennent des droits utiles aux déplacés. Il s'agit principalement du droit à la vie, à l'intégrité physique et mentale et à la liberté, le principe de non-discrimination, le droit à des conditions de vie décentes et la protection contre les déplacements injustifiés au regard du droit humanitaire. En cas de défaillance de l'Etat à appliquer ces droits, les personnes déplacées peuvent donc avoir recours aux institutions internationales chargées des droits de l'homme, et compter sur l'action des organisations et associations impliquées dans l'humanitaire.
Troisième journées démographiques de l'ORSTOM 1988. Faire un point sur les changements les plus récents quant à la mobilité des populations des pays en développement et de poser, en contrepoint, l'évolution des méthodes et des approches. Réexaminer les relations qui lient la mobilité et les diverses inégalités spatiales, régionales et nationales...