Argenteuil est une ville industrielle marquée par le chômage et par une mémoire de plus en plus détachée de l'histoire des luttes sociales. Le quartier du Val-d'Argent a été construit entre 1964 et 1974 afin de loger une population ouvrière jusque-là souvent en habitat précaire. Ce quartier comporte 10 000 logements s'étendant sur environ 115 hectares. Il est ici décrit à partir d'une enquête sur la mauvaise réputation des ses habitants ainsi qu'en relation à une étude sur la mémoire et sur les effets de la médiatisation et de l'islamisation de sa population.
A partir des matériaux recueillis dans le cadre d'une enquête de l'INSEE et par les sociologues de l'Université Bordeaux-II sur le quartier des Hauts-de-Garonne, l'auteur propose une définition sociologique de ce que l'on nomme aujourd'hui les "classes populaires". En dehors de petites enclaves localisées, les habitants des Hauts-de-Garonne ne forment pas une underclass marginalisée, un autre monde dans lequel s'accumulent toutes les difficultés sociales. En ce sens, la réputation dont souffre ce quartier n'est pas fondée. Cependant il reste que cette réputation pèse sur des individus et des familles qui adhèrent très largement aux modèles culturels des classes moyennes et de la culture de masse. Le sentiment de chute, de pauvreté relative, de fragilité s'impose à près de la moitié de la population. Ce n'est pas le cadre de vie qui pose un problème, il s'agit plutôt de la situation sociale stigmatisée des personnes appartenant aux classes moyennes prolétarisées et dépendantes. L'auteur met en exergue dans quelle mesure la définition de soi bloque la formation d'une culture et d'une communauté populaires quand chacun se range et cherche à se démarquer des autres dans un mécanisme de ségrégation auto-produit. Ceux qui développent des liens plus communautaires sont souvent rejetés parce qu'ils participent de la stigmatisation du quartier, même quand celle-ci est décrite comme injuste.
Cet ouvrage est le résultat d'un programme de recherche en sciences sociales organisé par plusieurs institutions pour confronter informations objectives sur les conditions de vie et l'analyse des représentations collectives, des réalités sociologiques et des perceptions individuelles, au sujet des grands ensembles et des quartiers d'habitat pavillonaire ouvrier. Les recherches se sont attachées aux caractéristiques socio-spatiales des quartiers, aux pratiques économiques informelles, à la représentation des institutions publiques ainsi qu'à l'influence de l'image du quartier sur l'idée de soi auprès des enquêtés. Enfin, sans épuiser l'ensemble des thèmes, les résultats précisent que ces espaces sont socialement hétérogènes et ne peuvent être assignés à une identité unique.
La cité des 4000 doit son nom au nombre de logements qu'elle comptait à sa création. Occupant une surface d'environ 30 hectares, le quartier est limité au nord par l'autoroute A86. Il est composé du quartier sud, situé dans l'extrémité ouest de La Courneuve, limitrophe avec la commune de Saint-Denis, et du quariter nord, plus excentré, bordé par l'autoroute A1 et le parc paysager de La Courneuve. L'habitat aux 4000 est massivement de type collectif. La cité est composée de longues barres de quinze étages, de petites barres de quatre étages et d'un immeuble de grande hauteur de vingt-six étages. Sans négliger la place occupée aux 4000 par les personnes défavorisées et même en considérant que dans leur ensemble les habitants appartiennent pour l'essentiel aux milieux dits "populaires", cette recherche prend en compte la relative hétérogénéité économique et sociale de la population résidente.
Les auteurs se sont appuyés sur l'enquête INSEE "Situations défavorisées" et ses extensions au quartier, pour étudier le chômage des jeunes en relation à leur lieu d'habitation (le "délit de sale adresse"). Ils se sont limités à des jeunes entre 18 et 29 ans, actifs (démographiquement : en âge de travailler) et habitant une agglomération où existe déjà un quartier prioritaire. Le fait d'habiter dans un quartier en difficulté peut être lié de façon directe au fait d'être au chômage, dans le sens que les personnes qui ont des ressources moindres peuvent être amenées à s'installer dans certains de ces quartiers, et que les actifs ayant un emploi peuvent, à l'inverse, quitter ces zones pour s'installer ailleurs. L'âge influe sur la probabilité de se retrouver au chômage, selon ce qu'on sait du rôle de l'ancienneté sur le marché du travail : à diplôme égal, une ancienneté supérieure entraîne une meilleure insertion dans l'emploi. Il semble alors qu'en plus des déterminants classiques du chômage, l'origine géographique ait un effet fort sur la probabilité qu'ont les jeunes de trouver un emploi, plus que le fait d'habiter un quartier pauvre.
Parmi les douze grands projets urbains (GPU) de France conduits par l'Etat et par les collectivités territoriales dans les quartiers défavorisés, celui de Marseille est le plus étendu et le plus peuplé. Les données quantitatives et qualitatives ici recueillies permettent de prendre la mesure des limites que doivent surmonter les habitants du GPU de Marseille. Ce texte met en perspective la notion de "misère de position" et la vie dans le "quartier ghetto". De plus, à la lumière des résultats de terrain, il examine la question de l'intériorisation subjective du discrédit attaché au quartier de résidence et les effets de la pesanteur des formes architecturales dans l'existence du stigmate. Enfin, des portraits d'habitants de ce quartier sont présentés avec des extraits d'entretiens.
Ce texte rend compte d'une enquête menée dans deux sites du Nord-Pas-de-Calais, notamment à Lille-Sud et à Lens-Liévin. Les auteurs ont fait appel aux techniques factorielles et classificatoires pour restituer de manière structurelle la diversité interne des sous-quartiers. En outre, les propos recueillis au cours des entretiens biographiques montrent qu'il est hasardeux de répondre de manière univoque aux diverses questions relatives aux effets de quartier.
Au début des années soixante, l'arrivée massive des rapatriés d'Afrique du Nord a conduit la municipalité de Toulouse à accélérer le rythme de la construction immobilière, en particulier sur la rive gauche de la Garonne. Le projet urbanistique le plus important de Toulouse demeure la création en 1960 de la ZUP du Mirail, première ville nouvelle de France. Aujourd'hui, les habitants portent un jugement assez favorable sur leur quartier, dont l'image ne leur semble pas correspondre à la réalité. Et ils manifestent un fort sentiment d'appartenance à la ville, surtout les personnes les plus aisées. En revanche, les gens de milieu modeste ont surtout des relations de voisinage et se montrent plus attachés à leur quartier. Toutefois, s'ils le pouvaient, 53 pour cent des habitants du Mirail changeraient volontiers de quartier. A Toulouse, la politique dite de la ville a contribué à organiser à l'échelle de chaque cité une scène publique, invitant un certain nombre d'habitants à y prendre pied sans leur garantir pour autant que cet accès leur ouvre la moindre fenêtre sur l'espace politique local.
Les quartiers d'intervention de la politique de la ville sont souvent présentés comme partie intégrante des "banlieues". En fait, ce schéma ne reflète que la réalité parisienne. Ailleurs, les quartiers prioritaires appartiennent essentiellement aux "villes centres" des agglomérations. Ce texte rend compte de la dualité des sites d'une enquête statistique relative à trois communes de banlieue ainsi qu'à quelques villes centre. Les questions à partir desquelles la recherche a saisi les perceptions des habitants relèvent de domaines différents : l'éloignement, la qualité du cadre physique, la qualité des relations sociales, l'insécurité, la réputation du quartier, la culture d'origine des populations immigrées, les origines familiales et les circonstances d'installation dans le quartier.