Le dossier thématique de ce numéro regroupe quatre articles tirés de communications présentées au Colloque de Nice "Migrations de transit en Afrique, dynamiques locales et globales, gestion politique et expériences d'acteurs". L'objectif de ce colloque était de confronter les résultats d'un programme de recherches (sur le développement des circulations à l'intérieur et à partir du continent africain dans le contexte de la fermeture des frontières), aux résultats de chercheurs travaillant sur des thèmes proches en Afrique mais aussi sur d'autres continents...
Le racisme au travail est abordé ici grâce à l'étude d'une entreprise de transports publics dont l'un des problèmes majeurs est l'insécurité urbaine. Au sein de cette organisation, le syndicat a lié ces deux thématiques afin de favoriser l'intégration définitive de jeunes embauchés sur des fonctions de médiation. Le refus d'inscrire ce type d'activité dans la grille des métiers a eu un double effet bénéfique : éviter les écueils de la professionnalisation ethnique, accorder une légitimité à des savoir-faire relationnels liés à l'"origine" des jeunes salariés. On constate au total que l'option retenue par les syndicalistes de l'entreprise aura permis d'enrayer le durcissement des conflits entre les professionnels des transports et les jeunes des cités. (résumé de la revue)
Réflexion sur les langues minoritaires opposées à la langue nationale.
Cet article porte sur la famille maghrébine immigrée dans des contextes locaux où se modèlent les relations sociales et s'actualisent certains stéréotypes. Les deux terrains d'enquête sont la Zaïne à Vallauris, une cité d'habitat populaire considérée comme "quartier sensible" et la ville de Menton. Cette ville est située à la frontière italienne et considérée comme une niche urbaine où les familles maghrébines immigrées sont peu nombreuses et semblent présenter les signes d'une "intégration réussie". Les données présentées se refèrent principalement aux descriptions fournies par les acteurs comportant des références à la sphère familiale et domestique. Les auteurs montrent qu'en dépit des modalités différentes voire opposées qui caractérisent le processus d'insertion dans l'espace urbain, les familles immigrées de la Zaïne et de Menton s'inscrivent dans un même paradigme, celui de la désignation de "famille immigrée" avec le jugement relatif de réussite ou d'échec de l'intégration. Par conséquent, on voit se dessiner des modes de représentation de la "famille immigrée" valorisant ou dévalorisant à la fois la famille et les lieux de résidence de celle-ci.
A partir de trois exemples de Tunisiens installés en France (Grasse), les auteurs montrent que l'organisation familiale, sa cohérence ou sa désintégration est fonction des représentations sociales que créent des contextes locaux et leurs relations de voisinage. Le contraste entre un modèle traditionnel de mariage bigame importé dans un village mais dont la descendance est un modèle de réussite respecté par les Français et les attitudes de délinquance qui déstabilisent les relations enfants-parents, dans la cité de la Zaïne, oblige à repenser le cadre intégrateur de la famille comme un effet de désignation propre à la société d'accueil.
L'observation de situations concrètes d'interaction permet de mettre en lumière les circonstances dans lesquelles la catégorie ethnique est mise en saillance et oriente les comportements. Selon les cas, différentes facettes du concept "africain" sont utilisées. L'ethnicité apparaît comme un mode socialement organisé de compréhension du social et dépend de l'interaction. Elle n'est pas une propriété intrinsèque d'un groupe ethnique.
Des récits faits par des étudiants africains sur leurs expériences dans l'espace urbain sont ici l'occasion de s'interroger sur les propriétés socialement organisées de la visibilité raciale dans les espaces publics.
A travers la présentation critique de nombreux auteurs, principalement de langue anglaise, ce livre montre comment une problématique sociologique de l'ethnicité a pu se constituer. Par déplacement d'une conception fixiste du groupe ethnique vers une conception flexible et dynamique pour laquelle les divisions ethniques doivent constamment s'établir et se reproduire. Afin de mieux cerner les enjeux théoriques du débat actuel sur la notion d'ethnicité, le texte de l'anthropologue F. Barth est présenté en annexe.
Il existe à Nice un "milieu" africain fragmenté selon les origines nationales, les statuts sociaux, les générations, mais composé d'individus qui, s'ils ne sont pas tous en relation les uns avec les autres, sont susceptibles de se rencontrer dans des lieux et des circonstances propres aux Africains : boutiques, salons de coiffure, fêtes. Dans ce milieu, les étudiants constituent une catégorie dont les contours sont définis à la fois par l'âge et le statut d'intellectuel, ce qui les différencient des travailleurs africains immigrés en France. Cette étude montre leur réseau, leurs caractéristiques ethniques, la façon dont ils s'approprient l'espace (ville/université), et présente des itinéraires de migrants.