Durant l'entre-deux-guerres, les travailleurs immigrés sont tout d'abord recherchés dans les années vingt pour participer à la reconstruction du pays après la grande saignée de 1914-1918, puis refusés dans les années trente en raison de la crise économique. Dans le monde rural, entre autres, on peut suivre cette évolution au fil de réglementations préfectorales de plus en plus tatillonnes, voire suspicieuses à la veille de la seconde guerre mondiale, et dans les rapports que les maires entretiennent avec - ou écrivent sur - leurs administrés étrangers.
Les Ardennes, après une longue occupation au cours de la Grande Guerre, ont eu recours à une abondante immigration pour faire face aux besoins de la reconstruction. Ce département frontalier sert ici de cadre géographique à l'étude des répercussions des grandes crises internationales de l'entre-deux-guerres sur l'immigration. La crise économique a engendré des réactions xénophobes alors même que le nombre d'ouvriers diminuait. De son côté, le patronat, faisait obstacle à toute réglementation de l'emploi de la main-d'oeuvre étrangère. Selon l'auteur, les événements conduisant à la guerre ont alors remis en cause tous les efforts accélérés d'intégration des étrangers. Ces temps difficiles rendaient, plus précaire la situation des Polonais, des Italiens et des Tchécoslovaques vivant en région frontalière.