Des contributions sur les interactions entre crises et migrations dans les pays en voie de développement, dans une approche pluridisciplinaire qui explore des sujets aussi variés que les usages sémantiques et stratégiques, l'histoire des populations, la protection juridique, la pauvreté, la perception des expériences migratoires, les questions identitaires, etc.
La présente synthèse rend compte des résultats d'une étude menée en 1998, pour le compte de la Direction de la population et des migrations, qui constitue le premier volet d'un projet international franco-québecois portant sur le rôle que peuvent jouer les migrants dans la diffusion de la francophonie dans leur pays d'origine. L'étude a analysé les interactions entre la francophonie et les migrations en considérant d'une part, les pratiques sociales, économiques et culturelles des migrants définitivement réinsérés et ceux rentrés temporairement et d'autre part, leur rôle éventuel de passeur de francophonie dans l'environnement économique et culturel de leur pays.
Cette étude présente une estimation, sur la période 1990-1992 du nombre d'étrangers qui entrent chaque année sur le marché national du travail, seule l'immigration légale à caractère permanent est considérée. Les flux sont décomposés, selon la nationalité regroupée, le sexe, l'âge, en : 1) entrées directes d'étrangers (étrangers qui entrent en France afin d'exercer une activité), 2) entrées indirectes (étrangers venus dans le cadre d'une autre procédure : regroupement familial, parents de français, réfugiés, famille de réfugiés), 3) entrées différées (étrangers encore inactifs présents en France au début d'une année donnée et qui vont entrer sur le marché de l'emploi au cours de cette même année).
Les démographes expliquent par les migrations de main-d'oeuvre masculine le fait que les femmes soient chefs de ménage dans les pays d'émigration : en l'absence du mari, la femme assume ce rôle. C'est ce que les spécialistes appellent «l'argument du rapport de masculinité». Or, on constate que la vérification empirique de ce mécanisme, sur des données de recensements ou d'enquêtes d'un grand nombre de pays, aboutit à des résultats décevants. On ne peut établir aucune corrélation statistique significative entre les rapports de masculinité et diverses caractéristiques des ménages. Pour comprendre l'échec de cette méthodologie, il faut passer de la démographie à la sociologie des migrations et prendre en compte les contextes culturels, et plus particulièrement les statuts et rôles des femmes. C'est ce que montrent deux exemples : la Caraïbe et l'ethnie Dogon du Mali.
L'étude porte sur les mouvements migratoires des Dogon (arrondissement de Sangha, falaises de Bandiagara, Mali) et plus spécifiquement de l'émigration internationale. L'auteur dégage trois grands types de mouvements migratoires : les flux internationaux vers l'Afrique de l'Ouest, les mouvements internes au Mali et une émigration de recolonisation de la plaine de Seno Gondo. Chaque type d'émigration à des caractéristiques particulières par rapport au sexe, à l'âge, à la nuptialité ainsi qu'à l'origine topographique des émigrants. L'émigration internationale est très majoritairement le fait des hommes souvent célibataires. L'émigration des femmes est d'abord une émigration de proximité avant de devenir une émigration internationle.
Dans un contexte de tourmente politique, la décision de migrer vers un autre pays est souvent une stratégie de survie face à une violence destructive. Cet article analyse la construction de modèles spatiaux dans l'histoire de vie de femmes qui ont quitté leur maison lors de la partition de l Inde, période de violence communale. Il s'appuie sur le témoignage de femmes appartenant à 50 familles Penjabi vivant en milieu urbain. En dépit du caractère tragique des évènements vécus, les témoignages prennent souvent un tour formel, marqué par une certaine distance des narratrices par rapport à leurs récits. Pendant la grande partition, les femmes ont pris conscience que leur corps, dans ces luttes, ne valait que comme symbole de l'échange de violences et de conflits d'honneur entre les hommes, et qu'elles n'avaient pas d'autre choix que survivre tant bien que mal ou mourir en accord avec les règles d'honneur édictées par la société des hommes. Plus généralement, la partition a été caractérisée par la violation de leur corps, de leur espace de vie et par le bouleversement de tout leur réseau social et familial.
La citoyenneté, qui limite les droits politiques et ceux de l'individu en général sont en tension par rapport à l'éthique libérale qui célèbre les droits humains universels. Cet article analyse l'évolution de ce rapport de tension aux Etats-Unis qui a été de plus en plus favorable aux droits universels. Les trois premières parties montrent comment la Cour Suprême à interpréte de plus en plus largement les principes d'égale protection et de juste traitement, qui sont inscrits dans la constitution américaine, et l'affaiblissement croissant du principe de consentement mutuel, qui est à la base de la citoyenneté américaine. Ces changements ont réduit l'attrait de l'acquisition de la citoyenneté. La dernière partie évalue cette dynamique.
L'objectif des auteurs est d'examiner dans quelle mesure l'éloignement géographique a des conséquences sur les structures familiales, la nuptialité, l'endogamie, en comparant les caractéristiques des migrants et des non migrants.