Istambul, début des années 1990, la métropole est devenue un foyer important des migrations internationales. Cet article examine le cas des Maghrébins, qui, s'ils ne forment pas numériquement le "groupe" le plus en vue, n'en offrent pas moins une configuration intéressante, tant par les types de trajectoires qui les conduisent à Istambul que par les stratégies de survie et de "faire communauté" dans la métropole, que par les modalités de sortie vers les horizons convoités...
Sans remonter aux débuts de l'Emire ottoman et à l'installation des juifs en provenance de la péninsule ibérique (1492), depuis la fondation de la République turque en 1923, la Turquie est d'abord un pays d'immigration.; Au-delà des facteurs structurels de la politique migratoire, l'auteur examine les inflexions de cette politique depuis le début de la République de manière chronologique, en distinguant deux périodes inégales de part et d'autre des années 80. L'année 1988 est proposée comme une date rupture, puisque avec l'afflux massif des Kurdes d'Irak la Turquie se dote d'une politique plus internationale d'accueil des réfugiés, non fondée sur la seule préférence ethnique.; Il s'agira dans cet article de voir en quoi l'Etat, au départ volontariste et autoritaire, a été amené au fil des années à définir une politique plus normalisée qui tienne compte tant dévénements extérieurs contraignants que de sollicitaions et de normes internationales.
L'article s'efforce de caractériser la fonction de la métropole d'Istanbul dans le système actuel des migrations, mobilités et circulations internationales. Plusieurs figures sont ainsi successivement convoquées et articulées, qui permettent de typifier ces fonctions : la figure du comptoir, celle du hub, du sas et de l'impasse. Derrière ces figures se profilent des trajectoires et des stratégies, ainsi que des modes d'investissement d'Istanbul très différents. De la sorte, le cas d'Istanbul, pôle fort du "corrido anatolien", à l'interface entre mondes convoités et mondes fuis, incite à reconsidérer le rôle structurant du fait métropolitain dans l'économie complexe des mobilités internationales. Centre de ressources et noeud de réseaux aux dimensions multiples, Istanbul fonctionne comme un commutateur, transformant, requalifiant et réorientant en continu les flux. (résumé de la revue)
Depuis 1991, de nombreux Roumains gagnent Istanbul pour trouver du travail. En effet, la métropole attire une main d'oeuvre étrangère nombreuse et variée (Asiatiques, Africains subsahariens...) parmi laquelle les Roumains forment le groupe le plus important.