Nous avons perdu de vue l'idéal laïc. La laïcité subit les conséquences des attaques contre l'Etat et recule sous les feux croisés de ses adversaires. D'une part, on la taxe d'être une idéologie parmi d'autres, partisane et dépourvue d'universalité ; d'autre part, elle aurait contribué à détruire les repères et à vider de sens la société. A ces deux titres, elle serait disqualifiée. Pourtant son idéal d'un monde commun aux hommes par-delà leurs différences est plus que jamais d'actualité. Et il est urgent de réaffirmer que l'école, chargée de former les citoyens libres, reste son lieu de prédilection. Or, face aux nouvelles ambitions des cléricalismes, face à l'anesthésie graduelle du débat politique par la pensée unique, face à la montée du communautarisme et au brouillage de la notion d'identité collective, seule la laïcité peut constituer un rempart efficace et endiguer le morcellement du monde. Car elle est au coeur de l'égalité républicaine.
Ce livre propose une philosophie de la laïcité. Il conjugue les approches de l'histoire, de la théologie et du droit. Au-delà des démarches simplement polémiques, il s'efforce d'éclairer les questions actuelles par une réflexion sur les fondements et la genèse de l'idéal laïc. Il en montre l'enjeu dans un monde où les motifs d'affrontement se cristallisent dans des identités exclusives, et où le moralisme tient trop souvent lieu de conscience.
Rappel du principe de laïcité qui privilégie ce qui unit les hommes sans nier ce qui les différencie mais en assignant toute option religieuse au domaine privé.
De l'émergence de la pensée rationnelle dans le monde grec à la séparation des Eglises et de l'Etat conquise en France en 1905, le chemin fut long. Henri Pena-Ruiz a analysé dans son ouvrage «Dieu et Marianne», Presses Universitaires de France, la philosophie de la laïcité qui s'en est dégagée.