Communication faite pendant les "Jornadas Procesos migratorios en países del Mercosur, 1860-1990" à Buenos-Aires les 19-20 juin 1997. A partir des statistiques des recensements argentins de la deuxième moitié du XIXe siècle, cet article traite de la façon de concevoir l'espace national argentin (segmentation administrative et segmentation urbaine/rurale) et de calculer et d'interpréter les migrations pendant cette période. Parmi les principales conclusions : l'existence d'un modèle de base pour comprendre le phénomène migratoire, la surévaluation de la population urbaine, l'interprétation de la mobilité comme dépendante des facteurs d'attraction, l'influence théorique du libéralisme sur l'élite intellectuelle argentine dans la définition d'un modèle d'équilibre macro-structurel apte à corriger certaines lacunes d'information et apte à favoriser une image naturelle, inévitable et harmonieuse du processus migratoire.
Sur la base des registres de l'état civil et de listes nominatives des recensements de la population ainsi que des procédés fondés sur la logique de l'analyse nominative (méthode de reconstitution de familles, généalogie de co-latéraux, études patronymiques), l'auteur reconstitue les itinéraires individuels et familiaux des Français installés à Tandil (Buenos Aires) entre 1850 et 1914, évalue leur mobilité géographique et sociale et établit deux modèles migratoires selon la forme d'arrivée dans la région (réseaux sociaux et arrivées individuelles). L'appartenance à un réseau social primaire (réseaux familiaux et de voisinage) eut un rôle important dans la détermination des comportements des migrants tels que le calendrier de la nuptialité, les niveaux d'endogamie et l'accès à la propriété. Par ailleurs, l'analyse de la mobilité sociale des migrants permet de compléter le rôle des réseaux sociaux.
Cet article analyse les modèles de mariage des immigrés Français installés en Argentine (Tandil) entre 1850-1914, en même temps qu'il donne matière à réflexion sur les limites et les apports de la problématique matrimoniale en tant qu'indicateur d'intégration à partir de l'apport conceptuel des autres disciplines sociales. Le travail est basé sur des registres de naissance et de mariage et sur des techniques de démographie historique, ce qui permet de cerner le comportement des immigrés en leur totalité et non seulement des mariages légalement constitués. L'étude du choix matrimonial n'est pas totalement valide si l'on ne tient pas compte des pratiques propres au pays d'origine, et plus spécialement de la composition du groupe et de modèles d'arrivée. Deux conclusions sont à retenir : le lien entre comportement endogamique et exogamique et le type de migration (individuelle ou chaîne migratoire), et le caractère plus exogamique concernant les aires rurales.