Les programmes d'action positive ou de «discrimination à rebours» soulèvent des controverses quant à leur utilité et à la justification morale qui les sous-tend dans des sociétés démocratiques et libérales. Principes de justice distributive et de justice réversible, contrat intergénérationnel sont autant de modes d'interprétation de ces politiques. En examinant le cas canadien, à partir d'une enquête réalisée à Montréal et à Toronto, les auteurs soutiennent que ces programmes sont une forme particulière de gestion de la tension inter-ethnique au sein d'un État consociationnel. Ils répondent aussi à une logique implicite de la justice intergénérationnelle, mais ont des effets pervers en catégorisant indûment ceux qui sont nommés minorités visibles tout en les plaçant sous la protection juridique de l'État.