Au-delà des approches strictement juridiques la considérant comme un statut, la citoyenneté peut être analysée en tant qu'elle est un construit social et politique, et une activité, dont les représentations et les significations varient dans le temps et l'espace. A ce titre, elle peut faire l'objet d'approches empririques multiples, concernant ses modalités d'appropriation et d'usage, que ce soit dans les relations entre différents groupes au sein d'une population, ou entre citoyens et institutions. La question des liens entre citoyenneté et identité, ainsi que celle des échelles de la citoyenneté, revêt alors une importance toute particulière.(résumé de la revue)
Réalisé à partir d'un travail de terrain, mené de 1994 à 1997, sur les comités de quartiers et les associations de jeunes à Roubaix, cet ouvrage interroge la citoyenneté et la participation des habitants à la vie publique locale. Il retrace l'histoire de la participation des habitants à la démocratie locale. Son étude des diverses formes de la participation associative tente d'évaluer le rôle joué par ces structures dans la mise en ouvre des politiques publiques. En dernier ressort est posée la question de savoir ce qu'une nouvelle observation locale de l'engagement citoyen peut encore apporter aujourd'hui aux modèles déjà existants, dont on connaît pour certains les limites ?
L'ouvrage présente toutes les limites de l'appel à la citoyenneté locale. En effet, les initiatives collectives se transforment rapidement en prestations de services encadrées par les opérateurs publics.
Etudiant les dispositifs locaux de lutte contre les discriminations initiés par le Fonds d'action sociale (en particulier par les Schémas locaux d'intégration), l'auteur met au jour le décalage entre les principes et la réalité du terrain. Elle souligne 1) que le principe d'égalité ne peut ignorer le poids des pratiques et des représentations ethniques, y compris dans les institutions publiques, 2) que la nation n'est pas la seule productrice d'identité, 3) que les mouvements sociaux doivent tenir compte des variables ethniques et religieuses, sous peine de voir s'instaurer une ethnicisation sauvage dans l'accès au logement, à l'emploi, à l'orientation scolaire.
Le thème de la démocratie locale soulève ces dernières années un renouveau d'intérêt, entre autres du fait d'évolutions législatives devant venir favoriser la participation et la consultation des citoyens. Mais les interrogations ayant présidé à la conception de cet ouvrage s'inscrivaient surtout dans le registre d'un intérêt pour un renouvellement de l'analyse de ce que d'aucuns appellent «la citoyenneté par le bas», c'est-à-dire les multiples manières dont les agents eux-mêmes définissent, pratiquent, perçoivent l'engagement dans l'espace public, mais aussi l'appartenance à un collectif, à une communauté politique, ainsi que les obstacles qu'ils rencontrent et les possibilités qu'ils se créent. Ces interrogations, et quelques autres, furent abordées et débattues lors d'une table ronde organisée à Roubaix en décembre 1997, et le présent ouvrage rassemble une partie des contributions qui y furent présentées.
Sous quelles conditions la citoyenneté peut-elle faire l'objet d'une approche anthropologique ? Ce domaine a été peu abordé par la discipline et renvoie aux notions d'individualisme, de société civile. L'anthropologie politique se doit de mieux prendre en considération la multitude des formes d'engagement politique, des relations des citoyens à l'Etat
Cet article appréhende la frontière non pas comme des lignes de partage, mais comme des espaces spécifiques où des processus innovants se développent. A partir de là, l'auteur confronte le contenu des pratiques de populations localisées de part et d'autre d'une frontière et leurs conséquences pour les territoires. Les particularités de ces pratiques seront analysées en référence à deux situations rendant compte des relations Nord-Sud. Le premier exemple est emprunté au sud des Etats-Unis et au nord du Mexique : la continuité territoriale permet alors de mettre en valeur les modifications socio-culturelles et économiques inscrites dans un territoire double. Le deuxième exemple concerne des populations originaires de l'Afrique de l'Ouest résidant en France : ce n'est pas ici leur statut de travailleur migrant qui sera analysé, mais celui d'initiateurs de projets, qui modifient leurs villages d'origine. Ici, les pratiques transfrontalières sont délocalisées et se produisent dans des espaces non contigus.
L'auteur nous propose des outils permettant de qualifier le statut social des populations issues de l'immigration aux Pays-Bas, notamment post-coloniales, offrant par là-même une approche systématique et rigoureuse des critères pouvant permettre de définir s'il y a émergence de minorités ethniques ou émancipation. Ce faisant, outre une description assez complète de la situation des différents groupes établis aux Pays-Bas, il nous propose un usage raisonné de notions souvent utilisées de manière pour le moins aléatoire, notamment en articulant de façon dynamique position sociale (définie comme la position d'un groupe minoritaire dans son ensemble au sein de la stratification sociale de la société, dont les indicateurs peuvent être trouvés dans des domaines tels que l'emploi, les revenus, la protection sociale, l'éducation et le logement) et position ethno-culturelle (définie comme la mesure dans laquelle un groupe est considéré comme un groupe essentiellement différent par la société et ou la mesure dans laquelle le groupe lui-même se définit comme tel).
En partant d'un survol sur l'histoire de l'économie politique de l'immigration dans l'Australie de l'après-guerre, l'auteur analyse le Multiculturalisme australien et ses relations avec l'identité ethnique et l'identité nationale, en les considérant comme un processus construit dans un contexte historique et politique particulier. Si le Multiculturalisme australien est beaucoup plus ouvert aux autres cultures que ne l'était la politique d'assimilation, il n'en reste pas moins qu'il est traversé par de multiples contradictions.
Avant d'examiner les contradictions actuelles de l'identité nationale en Allemagne, l'auteur resitue quelques notions essentielles par rapport aux spécificités historiques du développement de la nation allemande. Après avoir éclairé le concept : nation à travers la manière dont la Nation est utilisée pour produire un consensus autour ou contre des institutions de l'Etat; l'auteur analyse la construction de la nation allemande dans la législation nazie, puis la nation allemande aujourd'hui : la loi ouest-allemande et la construction de la nation dans cet Etat; la construction de l'identité allemande avant l'unification; la nationalité, les Aussiedler et les Ubersiedler; les réactions des Allemands face à ces derniers; l'unification et la réorganisation de l'identité nationale.
L'exemple français constituerait le modèle de l'association, sinon de l'équivalence ou de l'indistinction, entre citoyenneté et nationalité, l'immigration mettrait en question ce lien idéal qui préserve des particularismes communautaires et plus encore de la dérive raciste vers la valorisation des relations et des groupes ethniques en France. En partant de l'hypothèse que la discrimination principale qui porte sur les nouvelles migrations est d'origine coloniale, donc historique, et que les distorsions entre citoyenneté et nationalité, l'ethnicisation par rapport à la normalité nationale dans les pays d'immigration, la production d'ethnicité relèvent de l'écart qui grandit entre légitimité et centralité de l'Etat national d'une part, et de l'autre, le procès de transnationalisation non seulement économique, mais culturelle et socio-politique, que les migrations intercontinentales révèlent, l'auteur soutient que ce serait l'ethnocentrisme national qui conduit un procès d'ethnicisation qui recouvre les relations sociales.
Après avoir donné une définition du concept : nationalité ainsi que du concept : Etat, l'auteur analyse la conception dont les Etats-Unis conçoivent et utilisent leur nationalité légale, ou perçoivent et organisent l'immigration, conception qui contraste avec celle des Etats européens dans la matière. Lorsque les pays de l'Europe structurent leur politique d'immigration, les Etats-Unis prennent de fait une décision quant à la première étape d'un processus de citoyenneté. Les pays européens, quant à eux, ont tendance à considérer l'immigration comme temporaire ou marginale, et à concevoir leur citoyenneté comme un système fermé, séparé des processus d'immigration. Après une brève approche pour signifier la manière dont le Royaume-Uni a ces dernières années utilisé les lois sur l'immigration et la nationalité, l'auteur en conclut que c'est un cas de figure utile pour saisir ce qu'il ne faut pas faire.
Cet ouvrage est le fruit des travaux d'un séminaire intitulé «Pluralisme culturel, «race» et nations en Europe» qui a regroupé des chercheurs de différents pays européens abordant ces questions du point de vue de la sociologie, de l'anthropologie, de l'histoire, des sciences politiques ou encore de la géographie. Pluridisciplinaire, il a permis des échanges autour de questions telles que la mise en oeuvre de politiques multiculturelles en Europe, les processus identitaires collectifs, ou les évolutions des relations entre citoyenneté, nationalité et identité nationale. Les contributions présentées ici s'organisent autour de deux thèmes principaux : Multiculturalisme et immigration d'une part; nationalité, citoyenneté et frontière d'autre part.
Si l'harmonie a des règles exigeantes, il paraît d'autant plus important de s'attacher à l'analyse de ce que pourraient être les conditions d'existence d'une telle harmonie. C'est ce que l'auteur tente ici, en limitant ses propos à certains aspects du problème à l'heure où, notamment dans les pays d'Europe, les interrogations croissent quant aux conditions d'une réelle démocratie et d'une citoyenneté active, face à la montée de l'exclusion sociale et de la discrimination. Les liens entre nationalité et citoyenneté seront ainsi examinés dans un premier temps, notamment du point de vue de la légitimité; et dans un second temps, le rôle potentiel de «collectivités intermédiaires», et notamment de la communauté ethnique, dans la redéfinition dynamique de la citoyenneté.
Bien que cet article suive un plan chronologique (1989 à 1993), il s'agit d'aller plus loin qu'une «petite histoire» des questions de migration et de racisme en Italie. Tout en insistant sur les caractéristiques sociales et culturelles de deux étapes celles du «pré-racisme», et celle, scénario possible aux yeux de certains, d'une société «pas trop raciste», l'auteur centre son analyse sur le présent, la période de l'été et de l'automne 1991, et ses suites, le futur. Du fait de processus assez spécifiques, et dans son contexte particulier, l'Italie est alors devenue raciste ou «racialisée». C'est donc cette étape, durant laquelle le «modèle italien» de politique d'immigration est né, qui sera explorée ici avec ses acteurs et leurs interrelations, et ses caractéristiques comparées aux autres «modèles» européens.