Cette recherche porte sur l'étude des changements qui touchent la nuptialité et la fécondité des femmes issues de l'immigration algérienne en Ile-de-France. Elle analyse en particulier l'évolution des pratiques en matière de choix du conjoint, de l'âge auquel les unions se forment et du nombre d'enfants que les femmes mettent au monde. Ces pratiques sont situées par rapport à celles des femmes restées en Algérie, des Françaises de naissance et des Portugaises. La comparaison porte également sur les écarts entre les différentes générations de femmes algériennes en immigration. Il s'avère ainsi que si l'âge au mariage est aujourd'hui plus élevé et les écarts d'âge entre conjoints plus réduits chez les femmes restées en Algérie que chez elles issues de l'immigration, l'immigration provoque une baisse de la fécondité en lien avec le développement d'un modèle de famille plus réduite. Celui-ci est davantage diffusé chez les femmes plus jeunes (qui naissent de plus en plus en France), dont les caractéristiques sociales s'éloignent de celles de la génération de leur mère et se rapprochent de celles des Françaises de naissance et des Portugaises. Elles sont en effet plus scolarisées et ont de plus en plus une activité professionnelle.
Afin de comprendre les changements vécus en profondeur dans l'immigration algérienne en France, l'auteur s'est attaché à la notion de liberté dans le choix du conjoint ou du compagnon. De même, il a comparé les aspirations individuelles des femmes algériennes immigrées en Ile-de-France et la coutume traditionnelle de l'arrangement collectif. Intégré dans l'ensemble des échanges sociaux, le mariage dans la société traditionnelle algérienne était une des stratégies du groupe familial élargi pour consolider des relations ou en tisser de nouvelles avec d'autres groupes familiaux. En quelques décennies, les attitudes relatives au choix du conjoint des Algériennes en France présente un triple changement. On assiste à l'élargissement de la zone d'origine du mari, au-delà de l'appartenance restreinte au même village ou à la même région que la mariée. Le pouvoir des parents sur les enfants s'amenuise. Enfin, l'union libre commence à apparaître comme une modalité de réalisation du couple. Les femmes vivant en union libre ne sont pas nombreuses. Néanmoins, si les attitudes positives vis-à-vis de l'union libre ainsi développées influencent les choix de leurs enfants, les unions libres devraient être de plus en plus nombreuses.
A partir de la visibilité de la religion dans l'espace urbain d'un quartier multiethnique en France (Paris, Belleville), l'auteur dégage les stratégies d'implantation de l'islam, du judaïsme et du catholicisme et l'importance des régulations sociales sur un territoire. Celles-ci s'exercent autour des lieux de culte, mosquées, synagogues, églises, des commerces, des lieux intermédiaires comme le marché et déploient des sociabilités manifestes jusqu'à inscrire leur rite dans l'espace public lors des fêtes religieuses. Mis à part les Loubavitch, repliés sur leur communauté, la pratique religieuse s'affiche comme l'attribut d'une mixité sociale revendiquée comme telle.