La chute du bloc communiste a profondément modifié le paysage migratoire en Europe. Si la prolifération de la mobilité constatée depuis 1989 au sein et au départ de l'Europe post-communiste reflète pour certains la liberté de mouvement, chez beaucoup d'autres en quête d'une vie meilleure, cette même stratégie de mobilité peut mener à des situations de dépendance accrue vis-à-vis des passeurs ou d'enfermement forcé. Dans ce texte l'accent est mis sur la traite des femmes dans les Balkans. Après avoir analysé le contexte favorable au départ et à l'arrivée de ces femmes, l'auteur étudie l'ampleur du phénomène et son fonctionnement, puis elle se centre sur le rôle des passeurs et des trafiquants, et, finalement, sur les victimes. Exclues des flux migratoires réguliers, elles sont les premiers proies de l'"assistance" des réseaux criminels et autres.
Cet entretien cherche à répondre à diverses questions : pourquoi pendant longtemps y a-t-il eu invisibilité des femmes migrantes dans la recherche, les statistiques et les politiques publiques, pourquoi et quand le thème des femmes migrantes est-il sorti de la marginalité dans la recherche, comment la recherche sur les femmes migrantes a évolué au cours du temps, comment les objets d'études, les approches théoriques et méthodologiques se sont modifiés. Par ailleurs, les auteurs cherchent à expliquer pourquoi la littérature sur les migrations n'a pas pris en compte les femmes comme objet d'études et pourquoi les recherches féministes ont négligé les femmes migrantes. L'entretien se termine par une projection des pistes de recherche à privilégier dans le futur.
Analyse des dynamiques et des stratégies migratoires de ceux qui, en précurseurs ou en accompagnateurs, participent à la recomposition de l'Europe.
L'émigration en provenance de l'Europe de l'Est ou de l'Europe Centrale est un phénomène récent lié à l'ouverture des frontières et à la situation économique qui affecte la migration interne entre ces pays. Le cas de la Bulgarie et le profil des migrants bulgares se distingue de celui de la Hongrie et de la Roumanie. La Pologne est devenue un pays de transit en raison de sa frontière avec l'Allemagne. La République tchèque accueille des réfugiés. La guerre en ex Yougoslavie a pour conséquence une population déplacée à l'intérieur du pays.
Le violent effondrement de la Yougoslavie a entraîné l'exode de plus de quatre millions de personnes. Le texte analyse ces déplacements massifs de population depuis le début du conflit jusqu'à nos jours. D'après des données de l'UNHCR et différents sondages menés sur place, l'auteur décrit la situation à l'intérieur de l'ex-Yougoslavie et à l'étranger. Avec le temps, la fuite individuelle se fait rare alors que les déplacements massifs et forcés se font de plus en plus fréquents. Il est clair que ce phénomène n'est pas seulement le résultat de la guerre mais aussi l'objectif, c'est-à-dire mener à bien une épuration ethnique.
La Yougoslavie a connu, historiquement, deux vagues migratoires : la première concernait les déplacements forcés au sein de la Yougoslavie même et l'exode des Yougoslaves fuyant la persécution après la seconde guerre mondiale. La deuxième vague concernait surtout la migration de travail, dans le cadre du programme de recrutements «temporaires» des années 60 et 70. C'est la troisième vague migratoire que l'auteur analyse ici, exode qui a ses sources dans le conflit yougoslave : on estime à quelque 600 000 la population en provenance des républiques de l'ex-Yougoslavie réfugiée en Europe de l'Ouest depuis le début des hostilités, dont la moitié avait demandé l'asile politique.
L'éclatement violent de la Yougoslavie a conduit plus de deux millions de personnes à l'exil. Le présent texte analyse ce déplacement massif depuis le début des hostilités jusqu'à présent. En partant des statistiques du Haut Commissariat pour les Réfugiés des Nations-Unies et de diverses enquêtes menées sur place, l'auteur fait le point de la situation en ex-Yougoslavie même et à l'étranger. Avec le temps, les départs individuels se font de plus en plus rares tandis que les déplacements massifs et forcés de plus en plus fréquents. Il devient clair que la fuite et les déplacements massifs de la population ne sont pas uniquement la conséquence de la guerre mais également un de ses buts : aboutir à des territoires "ethniquement purs". L'article pose aussi la question du devoir de solidarité des pays européens, réticents face aux réfugiés de guerre yougoslaves.
La migration des Polonais en Allemagne est par son importance numérique et par sa diversité exemplaire des mouvements actuels en Europe de l'est et de l'Europe occidentale. Si l'installation des Polonais en Allemagne tend à se stabiliser, le va-et-vient, sous couvert de tourisme, de saisonniers, de commerçants ambulants, prend une ampleur considérable. Cette migration alternante est-elle le signe de futures vagues d'immigration ou de nouvelles formes de migration internationale.
Exposé des résultats d'une enquête menée en 1987-1988 dans cinq pays d'Europe sur les femmes migrantes ou d'un groupe minoritaire exerçant un emploi indépendant. Cette étude comparative met en lumière : 1) les itinéraires et la stratégie migratoire de ces femmes pour accéder à la création d'entreprise ou au commerce "ethnique"; 2) leur mobilité professionnelle les conduisant de l'emploi salarié au travail indépendant; 3) leurs luttes pour vaincre des obstacles et discrimination liés au sexe, au statut social, à l'ethnicité; 4) leurs recours aux ressources des réseaux communautaires ou extra-communautaires.
Les chefs d'entreprise immigrés dans l'industrie textile en France (Paris), aux Etats-Unis (New York), au Royaume-Uni (Londres). Analyse des conditions qui ont favorisé l'implantation des petites entreprises ethniques (organisation de la production et du travail), des caractéristiques des migrants et des stratégies déployées pour exploiter les possibilités offertes par les composantes du marché et pour s'adapter aux économies très compétitives des sociétés occidentales. Enfin, les chances de mobilité sociale pour les hommes aussi bien que pour les femmes de ce secteur d'activité sont examinées.
Après un bref rappel des changements économiques intervenus en Europe entre 1970-1992, les auteurs étudient les caractéristiques de l'entreprise ethnique au Royaume-Uni (l'accroissement de ce secteur et les spécificités des minorités ethniques), en Allemagne RF. (l'importance et les branches d'activité de l'emploi indépendant chez les migrants, étude de cas des Turcs), aux Pays-Bas (les chefs d'entreprise Grecs, Turcs et Surinamais), en France (les Juifs, les Maghrébins, les Chinois) en se référant au modèle élaboré pour expliquer les différences entre groupes ethniques ainsi que leurs stades d'avancement.
L'industrie textile et la production vestimentaire en France (Paris) : analyse de l'adéquation entre les exigences de ce secteur et les caractéristiques des immigrés. Les aspects essentiels du secteur de l'habillement : le besoin de flexibilité résolu par le recours à la sous-traitance et aux très petites entreprises. L'insertion des immigrés dans le système de sous-traitance en tant qu'ouvriers, ou petits entrepreneurs ou les deux à la fois. L'attrait de ce secteur : la possibilité de promotion sociale dans le patronat pour les hommes, les femmes restant des travailleuses à domicile. Etude comparative avec la confection en Allemagne RD. (Berlin) : le monopole des Juifs jusqu'en 1961.
L'auteur s'interroge sur la pratique par les Yougoslaves de leur langue maternelle ou de leur langue d'origine. Les conclusions montrent que cette langue d'origine est marquée par des interférences de la langue du pays d'accueil et ce de façon très variable selon les individus.