Cinquante ans après son essai : Portrait du colonisé, Albert Memmi s'interroge sur le devenir des décolonisés. Il les divise en 3 groupes : ceux qui sont restés dans leur pays natal, les primo-arrivants, et les enfants d'immigrés. Il passe ensuite en revue les problèmes posés aux nouveaux Etats par leur ancien statut de colonisés.
Pour l'auteur le racisme découle d'un sentiment de peur devant lequel il faut développer un effort d'explication constant. L'antiracisme résulte d'une démarche intellectuelle. L'immigration est une réalité géopolitique sur laquelle se greffent toutes sortes d'hétérophobies comme l'Islam. La confusion entre religion et référence identitaire est dangereuse, c'est pourquoi toutes les croyances doivent rester dans la sphère du privé, de la neutralité et de la laïcité.
Cette ré-édition d'un ouvrage paru en 1982 actualise la réflexion de l'auteur sur le racisme. Il propose une description, une interprétation et une définition plus stricte du racisme et intègre le concept d'hétérophobie, refus agressif d'autrui, dont le racisme ne serait qu'un cas particulier.
L'auteur insiste sur deux points : la liaison étroite entre le racisme et la notion de différence, et d'autre part, la parenté entre le racisme et l'oppression. Il développe, avec des nouveaux arguments, sa distinction entre le racisme, qu'il propose de limiter strictement au sens biologique et l'hétérophobie, refus agressif d'autrui et dont le racisme ne serait qu'un cas particulier.