Les déplacements forcés de population entraînent des changements identitaires profonds et durables. Ces derniers se traduisent par une transformation du rapport au territoire et relèvent de ce fait de l'approche géographique même si le déplacement "spatial" n'est pas le facteur principal de bouleversement. Le Sud-Soudan est un cas d'autant plus intéressant que les migrations forcées dues à l'esclavage, puis aux guerres civiles successives, y sont anciennes et massives. Elles ont entraîné, dans leur diversité, des bouleversements socioculturels considérables qui tendent à brasser les peuples de l'ensemble de ce vaste pays. Elles se conjuguent avec une urbanisation rapide dans le Nord, en particulier dans les périphéries de Khartoum, la capitale.
L'ouvrage fait référence à tous ceux qui fuient une situation de crise extrême sur le plan politique, religieux, foncier, environnemental ou qui subissent un déplacement contraint du fait de politiques migratoires voulues par l'aménagement du territoire. Par mobilité sous contrainte, il faut entendre les mouvements collectifs, massifs, imposés parfois de manière brutale, tous induits par des forces d'expulsion vers un ailleurs qui n'a pas été souhaité. La diversité des cas analysés dans ce texte rend compte de la notion de réfugié et de déplacé dans le sens de leur définition première ainsi que de celle, plus restrictive, des organismes onusiens. La première partie de l'ouvrage tente de poser les jalons d'une classification entre déplacés, réfugiés, migrants économiques, demandeurs d'asile et exilés. Comment intervenir face à des situations si différentes ? La deuxième partie rassemble six études de cas, dont quatre en Afrique et deux en Asie du Sud-Est. Dans la troisième et dernière partie du livre les auteurs s'interrogent sur le rôle des sciences sociales à propos des connaissances qu'il faudrait acquérir afin d'accueillir au mieux les réfugiés.
Pendant la période coloniale, on a pu observer des migrations pastorales forcées de plus ou moins forte ampleur, provoquées autant par les calamités naturelles que par les contraintes administratives, sous couvert des besoins de développement économique. Ensuite, avec les indépendances, les flux migratoires de la zone sahélo-saharienne se sont dirigés vers des gisements miniers et pétroliers du nord. Enfin, la sécheresse de 1968-73 et de 1983-85 a provoqué une migration pastorale contrainte vers les pays méridionaux mieux arrosés. D'après l'auteur, depuis 1990, avec les révoltes Touaregs du Mali et du Niger et la répression qui s'ensuit, il ne s'agit plus de migrations mais d'exodes, au sens de fuites, des familles et des troupeaux en direction du Burkina Faso, de l'Algérie et de la Mauritanie.
Entre 1900 et 1950 des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées de la colonie de Haute Volta vers les colonies voisines, tandis que d'autres milliers, pour échapper aux réquisitions, ont dû se réfugier hors de portée des administrations locales dont les exigences variaient d'une circonscription à l'autre. Même si à cette époque on ne parlait pas de migrations forcées, ni de déplacés, l'histoire du peuple mossi est faite de déplacements multiples que la périodes coloniale a engendrés vers la Côte-d'Ivoire, le delta du fleuve Niger et l'actuel Burkina Faso.
L'Etat français considère le triplement du nombre de demandeurs d'asile politique depuis la fin des années 1980 en termes de détournement de la procédure d'asile par des immigrants économiques. L'auteur décrit la politique de dissuasion des demandes infondées et de restriction d'accès au territoire menée dans l'Hexagone. Si cette politique a réduit le nombre des demandes d'asile, elle a aussi restreint dans les mêmes proportions les possibilités effectives d'asile en France et le nombre de personnes reconnues comme réfugiées. Le développement des filières d'immigration clandestine est également à mettre au passif de cette politique qui empêche de fait les arrivées régulières de demandeurs d'asile. De plus, lorsque les déboutés inexpugnables n'obtiennent pas un droit au séjour du ministère de l'Intérieur, ils sont laissés en situation de non-droit et deviennent des "clandestins officiels".
Cet article évoque les multiples facettes d'un sujet d'actualité encore trop peu exploré, i.e. la mobilité forcée. Cette question est abordée à travers les formes de mouvement et déplacement de population qui marquent l'histoire récente des migrations Sud-Sud. L'auteur souligne tout d'abord certains critères qui confèrent à la mobilité forcée une place à part dans le phénomène migratoire. De plus, il remet en question les catégories de migrant forcé, leur signification et leur reconnaissance au regard du droit international et des politiques migratoires. La construction d'une typologie des mobilités forcées en fonction des motifs de départ semble enfin témoigner de l'ampleur du champ d'étude.
Au Vietnam, le développement de la production de la soie sur les hauts plateaux centraux est indissociable de la politique de création des nouvelles zones économiques. Après une présentation chronologique des migrations dirigées depuis les accords de Genève (1954) jusqu'aux années 1990, le texte analyse les modalités de conquête d'un espace agricole voué à la sériciculture et retrace l'évolution des structures d'encadrement de cette activité agro-industrielle. L'auteur met en exergue le rapport entre migrations dirigées et développement de la filière séricicole dans le cadre du passage au "socialisme de marché" - qui concilie dirigisme étatique et privatisation. L'approche ethno-historique de ces migrations permet d'appréhender la manière dont les changements économiques et politiques affectent l'existence des acteurs et éclaire ainsi la dynamique de la différenciation sociale.
Les "déplacés" sont des personnes qui ont été forcées de fuir leurs foyers dans l'urgence. Les causes des déplacements sont liées à une situation de conflits ou de troubles ou à des catastrophes naturelles. Leur protection est du ressort de l'Etat sur le territoire duquel ils se trouvent. Il n'existe pas, en droit international, de règles de droit relatives à la protection des personnes déplacées en particulier. Cependant, les droits de l'homme et le droit humanitaire contiennent des droits utiles aux déplacés. Il s'agit principalement du droit à la vie, à l'intégrité physique et mentale et à la liberté, le principe de non-discrimination, le droit à des conditions de vie décentes et la protection contre les déplacements injustifiés au regard du droit humanitaire. En cas de défaillance de l'Etat à appliquer ces droits, les personnes déplacées peuvent donc avoir recours aux institutions internationales chargées des droits de l'homme, et compter sur l'action des organisations et associations impliquées dans l'humanitaire.
Considérant d'une part que l'étude sur le terrain des transferts de population en cours de réalisation est rarement possible et, d'autre part, que les catégories usuelles d'analyse fondées sur la distinction entre "mouvement forcé" et "mouvement volontaire" masquent une réalité bien plus complexe, l'auteur propose de centrer l'analyse sur les pratiques et les symboliques que les populations concernées sélectionnent pour faire face aux déplacements. A partir de l'ethnographie d'un groupe nubien d'Egypte, migrant depuis l'Antiquité et transféré en Nouvelle Nubie en 1963, lors de la construction du barrage d'Assouan, le chercheur interroge les relations d'une population migrante à son territoire réel et mythique. De même, il montre comment un groupe peut transformer la contrainte migratoire en un élément identitaire valorisé et rend compte du rôle fondamental des interrelations entre migrants et sédentaires.
Présentation d'un recueil d'archives édifiées en Haute Volta et concernant la période 1908-1941. Ces documents, rédigés par l'administration pendant la colonisation, portent sur l'état des récoltes, le trafic commercial, la levée des impôts, le recensement de la population, le mouvement migratoire, le recrutement de la main-d'oeuvre civile et militaire et également sur la justice indigène, les questions religieuses et l'«esprit» des populations.
Deux analyses détaillées des formes, causes et aléas, l'une du peuplement Bissa dans les vallées inhabitées de la Volta Blanche et l'autre des migrations Mossi au Sahel et vers le sud-ouest voltaïque; un important dossier cartographique permet de suivre la dynamique des desserrements villageois. L'histoire locale et la tradition orale ont été fortement sollicitées, les contextes agronomiques et médicaux étudiés.