Initiée par les colonisateurs néerlandais à partir de 1905, la transmigration des Indonésiens était encore, en 1997, le plus important programme de migration organisée jamais entrepris par un Etat. Bien que pratiquée sur une base essentiellement volontariste, cette transmigration a impliqué des programmes de nature assez coercitive. En comparant deux villages de migrants, l'un d'émigrés forcés et l'autre d'émigrés spontanés, l'auteur essaye d'expliquer que les premiers réussissent mieux que les volontaires dans leur nouvel environnement.
Entre 1900 et 1950 des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées de la colonie de Haute Volta vers les colonies voisines, tandis que d'autres milliers, pour échapper aux réquisitions, ont dû se réfugier hors de portée des administrations locales dont les exigences variaient d'une circonscription à l'autre. Même si à cette époque on ne parlait pas de migrations forcées, ni de déplacés, l'histoire du peuple mossi est faite de déplacements multiples que la périodes coloniale a engendrés vers la Côte-d'Ivoire, le delta du fleuve Niger et l'actuel Burkina Faso.
Durant plus de deux ans, de juillet-août 1994 à octobre 1996, environ 1 300 000 réfugiés hutu vécurent dans des camps installés en catastrophe au Kivu, à proximité de la frontière du Rwanda. L'offensive des "Banyamulenge" relayés par l'AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre) de Kabila a fait disparaître ces camps. Ce texte a donc valeur de témoignage historique. Il décrit ce que furent les camps du Kivu, l'organisation physique et la gestion interne, l'encadrement par plusieurs ONG, les problèmes d'approvisionnement par le "food pipeline" Est-africain et la vie au quotidien. Il montre aussi l'impact de la concentration des réfugiés sur l'environnement humain et physique de l'est du Zaïre. Il pose enfin la question du sens de l'humanitaire dans un contexte géopolitique régional extrêmement tendu, sur lequel ne cessa de peser la mémoire du génocide de 1994.
Si la notion de réfugiés n'est pas d'un usage habituel dans la langue peule, celle de migration forcée est nuancée en plusieurs variantes. Trois locutions servent à présenter les situations de migrations forcées vécues par les éleveurs. Pour tous les Peuls, le terme dogga exprime une fuite face à une menace, une crise, une catastrophe. Récemment les sécheresses sahéliennes ont déclenché des migrations forcées de ce genre avec une grande ampleur. Dans les rapports difficiles entre les éleveurs et les administrations, l'expression meeda (expulser, chasser) désigne une décision anti-pastorale, prise sous le couvert de l'intérêt public, souvent pour le développement. Les éleveurs doivent partir, sans réel dédommagement ni perspective de reconstitution d'un système pastoral performant. Dans le registre des fuites pastorales, la notion autochtone de "fera" exprime le caractère éperdu du sauve-qui-peut lorsqu'une guerre éclate. Autrefois, les éleveurs prévenaient les pillages de bétail par une véritable gestion de l'insécurité. De nos jours, la violence des conflits et la puissance des moyens de destruction les contraignent souvent à l'exil. Tant qu'ils réussissent à préserver un peu de bétail, les éleveurs émigrés de force ne se comportent pas en réfugiés comme les autres : ils gardent une certaine autonomie et restent attachés à leur activité.
L'impact environnemental des afflux de réfugiés préoccupe de plus en plus les autorités, comme le montrent les résultats de recherches récentes menées dans deux régions particulièrement concernées par l'arrivée de réfugiés en Afrique occidentale : la vallée du fleuve Sénégal et la région forestière de Guinée. Dans les deux cas, de multiples organisations extérieures à la région sont intervenues pour pallier les dommages créés par les réfugiés sur l'environnement. Les institutions locales de gestion des ressources ont également su désamorcer les conflits potentiels liés à l'utilisation des ressources entre réfugiés et autochtones.
Plus de 500 000 réfugiés se sont installés entre 1990 et 1995 en Guinée forestière, fuyant la guerre civile qui a commencé fin 1989 au Liberia et qui s'est étendue par la suite à la Sierra Leone. En 1990 et 1991, quatre importantes vagues ont amené environ 350 000 réfugiés en Guinée. La plupart d'entre eux s'est installée dans des zones déjà occupées par des membres de leur ethnie, en s'intégrant économiquement et socialement. Entre 1992 et 1995, plusieurs petites vagues successives ont amené 150 000 réfugiés supplémentaires. Leur état de santé s'est révélé déficient à cause des privations subies pendant les déplacements dans leur propre pays.
L'article aborde les causes du déplacement forcé des populations mauritaniennes expulsées ou réfugiées au Sénégal à la suite des événements de 1989. L'auteur décrit le contexte de l'aménagement de la vallée du fleuve Sénégal, notamment les transformations engendrées par la sécheresse, l'introduction de l'irrigation et l'application de nouvelles lois foncières. Ces bouleversements en cours conduisent à un double questionnement : à partir d'une approche historique, se pose le problème de la frontière comme ligne de démarcation telle qu'elle est conçue par les Etats riverains ; l'aggravation des conflits interethniques - qui ont tendance à occulter les relations de complémentarité existant entre groupes théoriquement opposés à l'échelle nationale.
Dès le début de la colonisation dans la région des Grands Lacs, la problématique de la mobilité forcée des populations, sous les différentes formes qu'elle a pu prendre selon les périodes, est au coeur des enjeux socio-politiques : expansion démographique transfrontalière, installation ou salariat de migrants économiques, expatriation volontaire individuelle ou collective comme forme de protestation politique contre les autorités en place, vrais réfugiés et déplacés humanitaires. La mobilité forcée apparaît comme une réponse constante à l'impossibilité de construire, à partir de ces économies exclusivement agricoles, des sociétés où prévaudraient des formes de mobilité spatiale et sociale ouvertes et acceptables par les divers acteurs et pays impliqués. De plus, depuis les indépendances, l'apport de centaines de milliers, voire de millions de réfugiés, opposants déclarés ou simples citoyens en fuite, s'est surajouté épisodiquement aux flux anciens.
Dans le cadre du mandat du HCR, l'assistance humanitaire accordée aux réfugiés demeure centrée sur des activités très pragmatiques visant à satisfaire les besoins essentiels des intéressés. Selon l'auteur, les équipes de recherche n'ont pas su intégrer l'importance de l'analyse géographique dans leurs démarches, même lorsqu'elles abordent des sujets d'ampleur croissante tels que les réfugiés et l'environnement. La cartographie et ses développements récents peuvent apporter des éléments d'information et d'analyse qu'on ne devrait plus négliger.
Les déplacements de population ont évolué au cours des dernières décennies. Aux migrations économiques sont venus s'ajouter les déplacements liés aux conflits armés. Dans les deux cas on observe maintenant des retours. L'auteur a analysé ces réinstallations des réfugiés de guerre comme indissociables de la réconciliation, de la réhabilitation et de la reconstruction. Les populations restent traumatisées par les événements ayant causé leur départ. C'est pourquoi il est primordial de défendre les droits de ceux qui rentrent et d'agir en tenant compte des raisons qui les ont poussé à fuir, afin de favoriser leur réintégration dans la société d'origine.