Témoignage de Damira Titonel Asperti, femme d'origine italienne partie d'Italie avec sa famille en 1925 et arrivée à Monclar, Lot-et-Garonne. Le récit se compose de deux parties distinctes : dans la première l'auteur relate son engagement dans la Résistance, sa déportation, la fuite exténuante hors d'une Allemagne en débâcle et le difficile retour à une vie normale. Elle livre ainsi une approche historique de l'engagement des Italiens antifascistes et communistes dans la Résistance, ici en Agenais, engagement qui bien que non négligeable n'en demeurait pas moins méconnu. Dans la seconde partie, ce sont les souvenirs de la petite italienne. Ces récits répètent des caractéristiques de l'immigration déjà décrites par d'autres témoignages mais en révèlent également des facettes plus particulières qui permettent de porter un regard plus nuancé sur la communauté concernée.
L'auteur retrace l'historique des migrations italiennes en provenance d'une province du nord de l'Itali0 (Bergame). Cette région rurale à forte croissance démographique a dès les années 20 fourni sa main-d'oeuvre excédentaire au département du Gers qui à cette période connaissait, une forte dépopulation. Cette main-d'oeuvre italienne, constituée principalement de métayers, représentait une solution face à la diminution de la production agricole du département français.
Des responsables catholiques de Bergame en Italie du nord, organisent en 1924 le départ de 16 familles d'agriculteurs pour la France (Gers). Cette colonie agricole de 200 personnes cultiva, en France, la terre selon un modèle collectif et sous l'étroite surveillance de l'Eglise et de l'Etat fasciste. Porteuse d'un projet tant économique que moral, cette entreprise d'ingénierie sociale connut de beaux succès à ses débuts. Organisée avec sa paroisse, son école, sa petite troupe de théâtre et ses associations, elle était l'enclave d'une Italie catholique puis fasciste dans une terre française laïque et républicaine.