Le développement économique des pays de la CEE va t-il créer un nouveau potentiel de main-d'oeuvre permettant l'arrivée de travailleurs migrants. La réalité de l'économie et de la croissance économique détermine, en effet, le mouvement migratoire sur le marché du travail. Une analyse prospective de la population active et des perspectives d'emploi pour chaque pays d'Europe permet d'envisager quels seront les besoins futurs en flux migratoire de la Communauté Economique Européenne (CEE).
Penser l'intégration des immigrés en Europe oblige à concevoir une politique d'immigration communautaire harmonisée, fondée sur l'égalité des droits et l'exercice de la citoyenneté qui dépasse le simple cadre de l'obtention des droits politiques car il remet en cause le rapport de la société à la nationalité. La lutte contre la discrimination et le racisme ne peut se suffire du cadre répressif élaboré par le droit pénal.
La sociologie de l'immigration est née avec le modèle culturel de la Nation, en vigueur au 19ème siècle. L'intégration des immigrés s'effectuait en référence à un modèle d'identité nationale garanti par les institutions et propre aux sociétés industrielles. L'entrée des pays industrialisés en Europe dans un modèle de société post-nationale est caractérisée par une modernité économique à faible intégration socio-nationale et à forte assimilation culturelle. L'insertion sociale est marquée par la concurrence et l'individuation. Ce qui peut expliquer la construction du racisme de même quela résurgence du nationalisme s'explique par la difficulté des sociétés à sortir d'un modèle socio-national caduque.
La sociologie doit éclairer les concepts d'intégration, de mobilité sociale et d'ethnicité. La cohérence de la société ne repose plus sur l'adhésion à des normes homogènes mais est le produit d'interactions entre des acteurs différents dont la possibilité de mobilité sociale se réduit. Un processus de requalification sociale est en cours dans les sociétés post-coloniales qui ethnicise les relations sociales pour parvenir à un déclassement fonctionnel au sein d'une société dualisée.
La participation politique des immigrés à travers l'exemple de la Suède et de la Scandinavie reste faible. Une analyse de l'usage des droits politiques et particulièrement du vote des résidents dans le cadre d'une élection locale ou régionale révèle un faible taux de représentation politique et l'adhésion aux valeurs des partis politiques majoritaires. L'obtention des droits civiques et l'exercice de la citoyenneté des immigrés dépend de la conception que se font les pays d'Europe de la nationalité, de la naturalisation et de la plurinationalité.
L'analyse critique des présupposés de l'intégration des immigrés, à travers l'exemple des Pays-Bas révèle la force de l'idéologie contenue dans la politique d'immigration que mènent les Etats d'Europe. Parce qu'elle crée une catégorie, souvent fictive, de population à inclure, cette notion d'intégration renvoie naturellement à la mauvaise participation des immigrés à la société. Que ce soit en termes d'accès au marché du travail et de chômage ou de coût social ou de défense de l'ordre public ou encore de contrôle de flux, à l'instar de la France, de contrôle des frontières dans l'espace Schengen, l'ensemble des pouvoirs publics refuse de remettre en question l'intégration qui masque la volonté d'exclusion inhérente au capitalisme mondial.
La participation politique des immigrés au Royaume-Uni et en Irlande, fondée sur la citoyenneté propre aux pays du Commonwealth a eu pour effet de renforcer le parti politique travailliste et la représentation politique des immigrés dans la société anglaise. Les craintes exprimées par les adversaires du droit de vote à l'élection locale ne sont pas fondées. Il n'y a pas d'influence des pays d'origine sur le vote des immigrés.
Parce qu'il vit entre deux cultures et dans le rejet de sa culture d'origine par la société d'accueil, l'émigré vit une souffrance morale particulièrement sensible pour la population de couleur. L'importance de l'ethnocentrisme en Europe ou eurocentrisme manifeste le rejet de l'altérité et conduit au racisme. Il traduit surtout le retard des sociétés vis-à-vis du Multiculturalisme qui les constitue.
Le concept d'intégration ne peut-être analysé par la sociologie qu'en terme d'insertion sociale des individus à un système mobilisé de société. La structure des sociétés modernes est divisée en sous-systèmes dans lesquels se jouerait l'intégration : système juridique, systèmes économique et administratif, système éducatif, système politique. En fait, c'est dans l'insertion sociale, dans la socialisation ou dans la resocialisation que l'immigré s'inscrit dans la société d'accueil. Selon son statut, sa position au sein de la société sera différente. Les généralisations ou les comparaisons hâtives entre populations socialement hétérogènes n'ont aucun intérêt.
Les problèmes liés à l'intégration des primo-immigrés puis des générations issues de l'immigration ont obligé les principaux pays d'Europe à élaborer une politique d'immigration dans une perspective d'assimilation ou de respect du Multiculturalisme. La prise en compte des minorités ethniques doit conduire à l'affirmation de ces dernières dans le cadre de la représentation politique et de leur participation politique.
La migration internationale s'inscrit aujourd'hui dans un contexte de mondialisation de l'économie qui modifie le marché du travail. Les travailleurs migrants s'y adaptent remarquablement et cette main-d'oeuvre continue à être nécessaire au développement économique des pays industrialisés. Le redéploiement des travailleurs dans l'économie informelle, le passage des salariés vers le secteur tertiaire ou le travail intérimaire enfin, l'augmentation du travail indépendant, liée le plus souvent à la création d'entreprise caractérisent leur adaptabilité au marché de l'emploi. Le recours à l'ethnicité comme principe interprétatif de l'usage de réseaux communautaires nécessaires au développement d'entreprise est particulièrement faux.
Le contexte politique mondial place l'Europe au coeur d'une configuration politique nouvelle qui nécessite d'avancer dans la voie d'une politique d'immigration commune. A la veille de la libre circulation des personnes, la citoyenneté des immigrés dépendra de leur statut juridique et de la diversité des situations faites aux résidents de la CEE. Bien des distinctions existeront qui dépassent la simple opposition entre ressortissants de la CEE et ressortissants des Etats tiers.
Pilier du droit musulman, le mariage regit toute la dynamique sociale de la famille maghrébine. Cette communication rend compte d'une recherche sur les relations du système de conflits de lois français, avec la formation du mariage des Maghrébins vivant en France. A travers l'analyse des données qualitatives recueillies au cours de 60 entretiens non directifs auprès des Maghrébins vivant en France, l'auteur a étudié successivement leurs pratiques matrimoniales et leurs prise de conscience d'un double système de référence.
La vie associative en France (Midi-Pyrenées) apparaît comme étant la partie émergée d'une activité menée au sein d'une micro-société locale qui cherche à constituer un espace de socialisation pour les enfants et un lien de visualisation des phénomènes de promotion sociale. Les jeunes Maghrébins issus de l'immigration ont créé un mouvement associatif locale de type nouveau, mouvement dit «autonome» par rapport essentiellement au mouvement dit «de solidarité» qui «s'occupe d'immigrés». Ce mouvement associatif interpelle sur les questions du racisme, du chômage et des débouchés politiques, et il suscite un intérêt marqué de la part des politiques et des médias. La dynamique d'intégration dont était porteur le mouvement des jeunes issus de l'immigration est entré en résonance avec les reclassements qui s'opéraient en même temps (1984) au sein de la classe politique sur la question du devenir des communautés issues de l'immigration en France.