Initiée par les colonisateurs néerlandais à partir de 1905, la transmigration des Indonésiens était encore, en 1997, le plus important programme de migration organisée jamais entrepris par un Etat. Bien que pratiquée sur une base essentiellement volontariste, cette transmigration a impliqué des programmes de nature assez coercitive. En comparant deux villages de migrants, l'un d'émigrés forcés et l'autre d'émigrés spontanés, l'auteur essaye d'expliquer que les premiers réussissent mieux que les volontaires dans leur nouvel environnement.
L'héritage colonial de l'Indonésie moderne et indépendante se manifeste encore aujourd'hui dans le cadre des projets d'équilibrage démographique. En 1905 le gouvernement colonial charge l'assistant-résident H. G. Heijting d'étudier la possibilité d'un projet de transmigration avec le double objectif de politique sociale dans les "îles intérieures" (Java, Madura, Bali) et de politique de développement dans les "îles extérieures" (Sumatra, Kalimantan, Sulawesi). Heijting envoie alors 155 familles de Kedu (Java-Centre) à Gedong Tataan (Lampung) où ils fondent le village de Bagelen. Entre 1906 et 1911 quatre autres villages voient le jour dans le cadre du projet "Kolonisatie". L'auteur montre que les échecs de la transmigration sont dus à une perception erronée de l'évolution du paysannat javanais face à la croissance démographique, à des préjugés envers les populations des îles périphériques ainsi qu'à une politique exclusivement agraire de développement. Entre 1928 et 1931, découragé par les mauvais résultats des projets de colonisation, le gouvernement colonial songe à abandonner le programme. Toutefois, en 1931, lorsque la grande crise frappa le secteur des plantations industrielles, plusiers milliers de personnes sont envoyées dans les colonies déjà existantes. Entre 1905 et 1941, le gouvernement colonial déplaça environ 200 000 ouvriers javanais vers les îles extérieures. Dès la proclamation de l'Indépendance (17 août 1945), l'organisation pratique de la transmigration subit de nombreuses vicissitudes, principalement dans les années soixante-dix, sans pour autant être remise en cause.