Ce livre propose une analyse réflexive de l'enquête ethnologique de terrain en ayant comme fil directeur l'étude des hiérarchies sociales. Il s'interroge sur la place de l'ethnologue aux prises avec les classifications sociales et les enjeux de pouvoirs. La « question hiérarchique » s'avère particulièrement propice à la réflexivité tant elle se pose à toutes les étapes de l'enquête : de l'arrivée sur le lieu de recherche, où l'ethnologue se voit assigner un « statut » et doit négocier sa place, jusqu'au retour de l'information, qui soulève la question des usages sociaux des savoirs, en passant par le recueil des données et le travail d'écriture, lesquels doivent prendre en compte la pluralité des positions défendues. C'est en partant de la confrontation de douze situations d'enquêtes effectuées dans différentes parties du monde (Afrique, Amérique latine, Polynésie, Inde, France) que cet ouvrage rend compte des conditions de réalisation du travail de terrain. L'examen réflexif permet ainsi de souligner l'historicité de la recherche et de s'interroger sur la dimension intersubjective de l'enquête ethnologique. Il conduit par ailleurs à s'intéresser aux changements survenus sur les terrains d'étude (notamment l'émergence de nouveaux acteurs) et à ouvrir des pistes de recherche pour l'analyse des hiérarchies sociales. Loin de succomber à la tentation narcissique ou de verser dans les excès du « déconstructionnisme » postmoderne, ce livre s'attache à démontrer comment l'analyse réflexive, tout en étant une procédure d'objectivation de la recherche, est une condition de production de connaissances. (Présentation de l'éditeur)
Etude des processus de constructions identitaires nationaux et ethniques à partir des rapports qui opposèrent Mauritaniciens et Sénégalais. Ce conflit a remis en cause les relations traditionnelles d'échanges, développé un repli ehnique et provoqué des discours raciaux et a aussi entraîné une révision de l'histoire et une réinvention de la tradition pour justifier la situation nouvelle.
L'article aborde les causes du déplacement forcé des populations mauritaniennes expulsées ou réfugiées au Sénégal à la suite des événements de 1989. L'auteur décrit le contexte de l'aménagement de la vallée du fleuve Sénégal, notamment les transformations engendrées par la sécheresse, l'introduction de l'irrigation et l'application de nouvelles lois foncières. Ces bouleversements en cours conduisent à un double questionnement : à partir d'une approche historique, se pose le problème de la frontière comme ligne de démarcation telle qu'elle est conçue par les Etats riverains ; l'aggravation des conflits interethniques - qui ont tendance à occulter les relations de complémentarité existant entre groupes théoriquement opposés à l'échelle nationale.