Mixité des genres, mixités ethniques, mixités de l'habitat, mixités scolaires... le terme de mixité sociale renvoie dans son acception courante au mélange de catégories d'individus différents. La mixité sociale a d'abord été en France un axe important de la politique de la ville à laquelle était assignée la mission de lutter contre la ségrégation spatiale et les inégalités qu'elle engendrait ou renforçait. La mixité dépasse aujourd'hui largement le cadre de l'habitat, s'érigeant comme l'une des valeurs phare du modèle républicain français. Ce dossier, qui regroupe analyses et points de vues de chercheurs, praticiens ou politiques, permet de mieux comprendre les enjeux et les limites de l'objectif de mixité. Quelques exemples sur les politiques menées à cet égard dans plusieurs pays européens et aux États-Unis apportent également des éléments de comparaison.
Au Canada comme aux Etats-Unis, le secteur communautaire est l'un des acteurs clés de la gestion urbaine. Il regroupe les acteurs locaux d'un territoire qui interviennent dans un quartier. A Montréal, ces acteurs ont initié des expériences originales comme la clinique communautaire de la Pointe-Saint-Charles, les tables de concertation, les coopératives d'habitation, les éco-quartiers. Ce tiers secteur constitue un véritable vivier au regard des pratiques françaises de gestion locale.
Depuis les années 1980, les travaux portant sur les regroupements d'immigrés dans l'habitat n'ont cessé de se développer. La constitution de ces "quartiers d'étrangers" est-elle le signe d'un renforcement de la ségrégation urbaine? Le caractère contraint et permanent de ces regoupements ne constitue-t-il pas un frein à l'intégration? A ces questions, les nouvelles politiques urbaines des années 80 apportent des réponses ambiguës. La mixité, comme objectif de cette politique, repose sur l'idée que la dispersion des immigrés reste le meilleur gage de leur intégration, tandis que le "développement social" comme méthode, peut conduire à s'appuyer sur des groupes communautaires. Cette thèse montre que le regroupement d'immigrés est avant tout une catégorisation, qui ne permet pas de rendre compte de la diversité des trajectoires d'immigrés et des situations locales, mais a des effets sur ce qui est désigné comme regroupement. (Présentation de l'auteur)