Les langues africaines sont-elles transmises en France ? Que représentent-elles pour les enfants et les adolescents ? Quelle place prennent-elles dans la construction de leur identité ? La dévalorisation des langues de la famille influe-t-elle sur leur rapport aux apprentissages ? Telles sont les questions qui animent ce livre, issu d'une bonne connaissance du terrain et d'une enquête méthodique sur les pratiques langagières des enfants de l'immigration noire. Une synthèse originale, du fait de la complexité du multilinguisme africain et des séquelles du passé colonial de la France, sur les contacts de langues, les problèmes d'éducation et les cultures urbaines.
Cette étude porte sur la situation sociolinguistique des enfants originaires d'Afrique noire en France. L'analyse des réponses montre la diversité des pratiques langagières dans la cellule familiale. Il s'avère que la structuration communautaire et l'exposition des parents au français avant leur venue en France sont déterminantes dans la transmission des langues africaines à la deuxième génération. Par contre, le statut formel de la langue en Afrique, sa diffusion ou son degré d'élaboration n'ont pas d'influence sur sa transmission. Les attitudes des locuteurs adultes sont déterminantes dans le maintien des langues africaines en France. Ainsi, les familles originaires de Guinée Bissau, de Guinée Conakry, du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal, majoritaires dans l'immigration d'Afrique subsaharienne, transmettent dans une proportion très importante leurs langues à leurs enfants alors que les adultes originaires d'Afrique centrale et du golfe de Guinée (Côte d'Ivoire, Gabon, Congo, ex-Zaïre, etc.) privilégient le français. L'étude des attitudes et représentations des enfants vis-à-vis de leur langue africaine familiale et du français fait apparaître une réelle disjonction entre pratiques et attitudes.