En France, à l'avènement de la IIIe République s'achève la généralisation de l'état civil et l'immutabilité des noms de famille. Elle concerne tous les citoyens français en métropole et Outre-mer et doit être étendue aux populations des colonies. Un des aspect de la dépendance coloniale dans les départements de l'Algérie française a été l'imposition du système patronymique. Ce texte analyse les conditions de sa genèse et ses liens avec les processus d'affirmation identitaire contemporains en France. Les immigrés d'origine algérienne semblent manifester eux-mêmes un grand attachement pour un patronyme qui n'a ni la profondeur historique ni l'authenticité supposées. La continuité dans le choix de prénoms arabo-musulmans pour les nouveaux-nés dans l'Hexagone implique une volonté de démarquage ainsi que la volonté de donner des gages de fidélité aux nationaux restés au pays et une garantie contre la tentation de l'oubli des siens.