Ce dossier reprend les actes d'un colloque de l'Unisat tenu à Toulenne (Gironde, 13-14/11/1997) sur "Accueil et habitat : un enjeu de citoyenneté", réfléchissant à la pratique d'un habitat qui favoriserait l'autonomie des Tsiganes et Gens du Voyage dans leur quotidien et leur relation sociale par la préservation de leur mode de vie. Les communications sont regroupées autour de trois thèmes : dire l'habitat, éléments d'analyse (le stationnement : législation, rapports à l'environnement et urbanisme) ; comprendre l'habitat, le repérage culturel ("nomadisme", accueil, territoire et identité) ; faire l'habitat, l'assise sociale (études régionales).
Cette troisième partie du dossier sur les Tsiganes face à "l'urbanité en défaut" propose une approche plus positive de l'habitat : la perception de la vie en caravane et du "nomadisme" par les populations itinérantes, les contradictions, le désir de stabilité et d'accès à un logement décent, la force des mémoires collective et individuelle ; les conditions de l'habitat adapté aux besoins des gens du voyage ; la territorialité comme accès à la participation sociale et à la citoyenneté. Enfin une réflexion sur la notion d'"interstice", espaces propices au mode de vie tsiganes dans le tissu urbain, apporte une conclusion à ce travail.
Ce dossier rassemble des opérations d'habitat et de relogement destinées aux Tsiganes et gens du voyage manifestant un désir de sédentarisation. L'objectif qui anime ces démarches est mis en relief : la prise en compte de l'identité ethnique, de l'identité culturelle et le maintien de leurs expressions, alliée au droit, à l'habitat, à la reconnaissance et participation sociale. Huit expériences sont commentées : le regroupement de familles tsiganes à Pertuis; la sédentarisation dans le Var; des terrains familiaux à Angoulême; une aire de stationnement à Martigues; une réhabilitation de l'habitat tsigane à Romainville; cité pavillonnaire et rénovation urbaine dans le Bas-Rhin; cités gitanes et HLM dans l'Aude.
La loi du 31 mai 1990 sur "le logement des plus démunis" n'apporte aucune amélioration au droit de stationnement et conditions de vie des nomades en France, l'article 28 autorisant les municipalités à interdire de façon absolue le stationnement hors des aires prévues. L'analyse de diverses opérations urbaines (relogement, réhabilitation de l'habitat, centre d'accueil, cité de sédentarisation, autant d'actions ignorant le mode de vie des gens du voyage et leur revendication pour un habitat décent adapté à leurs besoins) dénonce la marginalisation, la formation de ghetto, et le maintien d'une règlementation soucieuse de ne pas soulever un débat sur l'acceptation des minorités tsiganes au sein de la société.
Sédentarité et nomadisme, des notions complémentaires chez les nomades. Réflexion sur l'appartenance à un lieu et sur la perception de la ville, endroit où sont exacerbées les relations nomades-sédentaires, à partir de la présence nomade en France (Evry) et d'un projet d'accueil qui y a été mis en place 1977-1988. Analyse de l'inscription territoriale des familles Tsiganes : l'utilisation du lieu, les métiers exercés, la revendication d'une reconnaissance et d'une identité.
Conclusions d'une enquête sur la définition des besoins et souhaits des familles Tsiganes sédentarisées dans un habitat précaire et bénéficiaires d'un programme de relogement au titre d'un contrat-famille (procédure d'urbanisme permettant de définir un habitat adapté à des familles marginales) mis en place dans quatre communes en France (Essonne) : les situations familiales, l'exclusion sociale, l'action sociale.