Cet article traite de la question du défi multiculturel que certaines minorités ethniques posent aux Etats libéraux européens en étudiant les données sur les revendications de ces dernières aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne pour la période 1992-1998.
Le transnationalisme parmi les migrants est considéré dans la littérature récente comme un trait important de la mondialisation qui transcende, se produit en dehors, au-delà de l'Etat-nation. Cet article défend au contraire la position selon laquelle il faut étudier tant d'un point de vue théorique qu'analytique comme l'Etat-nation interagit avec la mondialisation. D'une manière plus spécifique, l'article compare systématiquement la formation des communautés transnationales et des diasporas en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. La dimension publique du transnationalisme telle qu'elle s'exprime dans les revendications et la participation des migrants et des minorités dans l'espace public est au centre de cet article. L'analyse primaire est basée sur des données originales sur les actes publics de revendication dans trois pays. Cette approche permet d'examiner l'importance des revendications transnationales par rapport à celles qui se manifestent dans les espaces nationaux. La comparaison cross-nationale permet d'analyser la variation entre les différents types de revendications transnationales se produisant dans trois pays différents tant du point de vue de la citoyenneté que des régimes d'intégration. Les données indiquent des différences cross-nationales significatives entre les niveaux et les formes de revendications transnationales qui peuvent s'expliquer par le type de citoyenneté utilisée par les pays pour inclure politiquement les migrants dans la communauté nationale. Les revendications transnationales prévalent en Allemagne, où l'Etat offre peu d'opportunités aux migrants d'exercer une influence sur le politique et qui les exclut symboliquement de la communauté nationale. De plus, la comparaison entre la Grande-Bretagne et les Pays-Bas montre que la manière dont les Etats transforment les migrants en citoyens importe. L'approche ouvertement multiculturelle des Pays-Bas constitue un environnement plus favorable aux revendications transnationales que le modèle d'incorporation britannique fortement racialisé et culturellement plus assimilationniste. (résumé de la revue)