La présence noire africaine à Marseille, en particulier des «gens du Fleuve» Sénégal, est ancienne : elle date significativement de la première guerre mondiale. Depuis lors les migrants se sont succédés sans interruption et le repérage des quartiers centraux, tel celui de Belsunce, s'est affirmée de génération en génération, faisant «mémoire collective» avant même l'affirmation de la présence collective manifeste. La visibilisation des Noirs-Africains est, elle, très récente : elle est contemporaine de la massification de cette migration, ces cinq dernières années. Elle a été rendue possible par une grande proximité culturelle et économique avec les Maghrébins déjà présents, mais elle s'est distinguée des activités de ces derniers. Salons de coiffure, magasins de mode, restaurants communautaires ou exotiques, vente de produits vivriers africains, sont les principales activités commerciales.
L'apparition au sens de manifestation des Noirs Africains à Marseille est analysée à partir de trajectoires urbaines. La construction longue du projet commercial, les entraides, les lieux de mixités, les proximités sont abordés. Leurs modalités de territorialisation commerciale les posent en successeurs des Maghrébins dans l'histoire des migrations marseillaises et en associés dans la nouvelle écriture de la ville phocéenne.