L'idéologie dominante ne confère qu'au seul voyage la capacité de rencontre avec l'autre, reléguant de manière implicite la pratique touristique à une non-rencontre ou à une rencontre de moindre qualité, sauf dans les rares cas de "tourisme intelligent". On défend ici l'idée selon laquelle le tourisme permet bien la rencontre. En effet, les pratiques des touristes expriment un certain rapport à l'autre, induit par la combinaison de deux phénomènes : la recréation et le déplacement, par lequel on associe des lieux autres à des pratiques du hors quotidien. Le tourisme est créateur de conditions propres visant à réduire cette altérité ou à en atténuer les effets. Les lieux et produits touristiques (clubs de vacances, et plus généralement formules standardisées) peuvent alors être relus comme des modèles de production/atténuation d'altérité et non pas seulement comme des vecteurs d'uniformatisation et de banalisation à l'échelle mondiale. (résumé de la revue)
Jamais les hommes n'ont été aussi nombreux à se déplacer, aussi bien sur de courts trajets que sur de grandes distances : navettes quotidiennes entre le domicile et le bureau, l'usine ou les champs, déplacements de fin de semaine pour les loisirs, voyages touristiques, migrations légales ou clandestines d'un pays à l'autre, voire d'un continent à l'autre, etc. Jamais nous n'avons autant ressenti la contradiction entre les facilités grandissantes offertes aux déplacements (information disponible, transports rapides et de moins en moins coûteux, progrès des télécommunications, etc.) et les barrières mises en place par les États pour contrôler les flux migratoires, notamment entre le Nord et le Sud. Jamais il n'a été autant question, dans nos sociétés, de « nomadisme », alors même que les vrais nomades achèvent de disparaître et jamais le nomadisme n'a été paré de valeurs aussi positives dans les représentations collectives d'une société massivement constituée de sédentaires dont une partie bouge davantage que les anciens nomades. C'est cette diversité de situations qu'aborde cet ouvrage avec l'ambition majeure d'explorer les nouveaux rapports au territoire que produisent ces innombrables mobilités géographiques.