Depuis la dernière régularisation des migrants mozambicains à la fin des années 1990 et malgré la très forte croissance dans le pays ces dix dernières années, les stratégies de survie des ménages de la région Sud du Mozambique restent toujours extrêmement dépendantes de la migration de travail vers l'Afrique du Sud. Mais la diminution du travail minier et la double précarisation des autres travailleurs mozambicains, à la fois confinés aux secteurs de très forte exploitation de l'économie sud-africaine et largement visés par sa politique massive de reconduites à la frontière, enferment ces populations dans un cycle de vulnérabilité. L'assouplissement du contrôle migratoire sud-africain depuis 2004 a résolu une partie du problème de l'irrégularité mais soulève d'autres questions sociales non anticipées. L'amplification récente des violences xénophobes et la faible réaction gouvernementale tant sud-africaine que mozambicaine confirment, en dépit d'initiatives nouvelles de mobilisation, l'indifférence de tous au sort de ce surplus ballotté à l'envi de part et d'autre du Corridor « prospère » de Maputo.