Pourquoi parle-t-on autant des quartiers et en les décrivant d'abord comme des lieux à part ? Comment sortir des discours enfermant les quartiers en difficulté et occultant les attitudes de rétraction, de mise à distance des classes moyennes qui s'expriment en d'autres lieux de la ville ? Comment maintenir dans la ville des lieux accessibles et partageables par tous ? Que viennent révéler ces discours et pratiques discriminatoires de la part des autres composantes de la société française et particulièrement des classes moyennes ?
Au début des années soixante, l'arrivée massive des rapatriés d'Afrique du Nord a conduit la municipalité de Toulouse à accélérer le rythme de la construction immobilière, en particulier sur la rive gauche de la Garonne. Le projet urbanistique le plus important de Toulouse demeure la création en 1960 de la ZUP du Mirail, première ville nouvelle de France. Aujourd'hui, les habitants portent un jugement assez favorable sur leur quartier, dont l'image ne leur semble pas correspondre à la réalité. Et ils manifestent un fort sentiment d'appartenance à la ville, surtout les personnes les plus aisées. En revanche, les gens de milieu modeste ont surtout des relations de voisinage et se montrent plus attachés à leur quartier. Toutefois, s'ils le pouvaient, 53 pour cent des habitants du Mirail changeraient volontiers de quartier. A Toulouse, la politique dite de la ville a contribué à organiser à l'échelle de chaque cité une scène publique, invitant un certain nombre d'habitants à y prendre pied sans leur garantir pour autant que cet accès leur ouvre la moindre fenêtre sur l'espace politique local.
L'auteur retrace brièvement l'histoire du développement socio-économique de l'agglomération toulousaine. Elle propose ensuite une série de réflexions générales sur les politiques urbaines et la politique de développement social urbain qui y ont été menées.