Y-a-t-il un lien étroit entre le processus d'intégration, ses défauts ou ses avancées et le réveil, le développement du racisme aujourd'hui en France. Deux approches symétriques établissent l'une et l'autre le même lien : l'une voit la source des manifestations racistes dans les difficultés d'insertion sociale rencontrées par de larges composantes de l'immigration; pour l'autre, le racisme viendrait suppléer l'abolition de la distance sociale et des inégalités qui séparaient antérieurement les uns et les autres. Ces deux images ont en commun, en posant comme théorie centrale celui de l'intégration, d'établir un lien quasi direct entre la présence des populations immigrées ou issues de l'immigration et cette réapparition des manifestations racistes comme si l'une était la source de l'autre. Se poser la question rejoint l'analyse des manifestations racistes et de ce qui les produit. Elle n'est pas non plus sans relation avec les politiques qui peuvent être mise en oeuvre pour tenter d'enrayer les conduites de rejet et de haine.
Issue d'une enquête de terrain, cette recherche procède d'une volonté de saisir le racisme dans les sources sociales et culturelles bien plus que dans ses expressions doctrinaires. Qu'est-ce qui donne lien social et configurations collectives à la tentation puis à l'émergence caractérisée du racisme. Observations et entretiens axés sur la méthode de l'intervention sociologique comme mise en confrontations graduelles des discours des acteurs dans un processus de recherche qui fait apparaître le racisme comme un espace de fusion-production de divers processus, paupérisation, exclusion sociale, effritement de la perception d'une identité culturelle et nationale désormais perçue comme menacée.
A travers l'histoire de cinq villes de France dont une ville nouvelle, les auteurs cherchent à analyser comment se développe le racisme et la xénophobie chez les habitants. Particulièrement répandu dans la banlieue ou dans un quartier discriminé, le racisme devient un problème de politique urbaine particulièrement sensible dans le logement et l'habitat ainsi qu'à l'école. Pour la sociologie c'est avant tout un problème de cohabitation pluriethnique au sein d'une société en crise où la mobilité sociale se réduit alors même que se développe une réthorique sur l'identité nationale. Au coeur de ces contradictions l'action de la police, du travail social et de la municipalité est particulièrement abordée.
A partir de l'observation de quatre zones d'éducation prioritaires à Roubaix, Mulhouse, Montfermeil et Cergy, l'étude essaie d'évaluer comment l'école s'articule à la ville et au développement social des quartiers ou comment s'interpénètre, de manière concurrentielle, une politique scolaire à finalité éducative et une politique urbaine supposant une logique de projets et de partenariat. Confrontés à l'éclatement du modèle républicain, les établissements scolaires ont du mal à coordonner ces deux logiques et privilégient tantôt le repli sur l'instruction, tantôt l'ouverture sur le quartier.