L'auteur s'interroge sur la capacité de la France à gérer le Multiculturalisme qui caractérise désormais sa société et sur la réelle viabilité du modèle traditionnel fourni par le jacobinisme. Il analyse les mécanismes d'assimilation des étrangers, la politique migratoire des socialistes au pouvoir, le statut social des générations issues de l'immigration, la reformulation socialiste du jacobinisme - version actualisée du vieux modèle d'assimilation.
Comme l'ont reconnu les chefs de gouvernement de la communauté européenne, le projet d'intégration européenne ne peut réussir que s'ils mettent en place une politique coordonnée visant à réguler l'immigration et l'afflux des réfugiés et intégrer la population de huit millions et plus de travailleurs étrangers et de leurs familles qui viennent de l'extérieur de la Communauté européenne (ressortissants de pays tiers) et qui résident sur son territoire. L'analyse développée dans le présent article est que l'intégration européenne a eu un effet d'entraînement sur le plan politique parmi les populations immigrées. Celles-ci créent à l'échelle européenne de nouvelles formes d'organisations et de schémas de solidarité.
La participation politique des immigrés est déterminée, d'après l'auteur, par les cadres institutionnels locaux et nationaux plutôt que par l'origine ethnique et la classe sociale. Une étude comparative de la participation politique des migrants, de la politique d'immigration, des réponses des gouvernements à cette implication politique en France et en Suisse depuis la Deuxième Guerre mondiale et plus particulièrement entre 1974 et 1990, permet d'illustrer ce postulat. L'ouvrage suit le même plan pour les deux pays et aborde les thèmes suivants : France, avant 1974 (activisme des travailleurs étrangers, xénophobie, comparaison avec la situation actuelle), entre 1974 et 1992 (évolution vers migration permanente qui a entraîné militantisme communautaire, citoyenneté). La même approche appliquée au niveau local, à La Courneuve et à Roubaix, met en valeur le fait que l'histoire d'avant la crise pétrolière a mis en forme le contexte institutionnel dans lequel les immigrés allaient agir politiquement. La Suisse, avant 1974, entre 1974 et 1992. Les deux villes étudiées sont Schlieren et La Chaux-de-Fonds. L'auteur termine par des généralisations prudentes sur la façon dont les travailleurs étrangers et leur famille s'impliquent dans le système politique des pays d'Europe occidentale.
Légalement ou clandestinement, c'est du Tiers Monde que viennent désormais les immigrants depuis quelques décennies. Alors qu'il apparaît que leur installation et celle de leurs familles prend un caractère permanent, il en est de même des dépenses sociales et des coûts politiques qu'entraînent ces concentrations de non-européens. En dépit de droits politiques légaux limités en France comme aux Etats-Unis, ces travailleurs temporaires se sont mués en consommateurs et résidents désireux de prendre une participation politique active. Toutefois, ils ont poursuivi des stratégies politiques souvent différentes que l'ont peut expliquer par la discrimination légale et les contraintes structurelles imposées aux migrants dans le champ politique de chacun des deux pays. Ces processus d'encadrement de l'accès à la participation apparaissent plus déterminants que les facteurs de classe et d'origine ethnique quant aux rôles que les immigrants ont joué dans la politique des deux nations.