Cet article met en évidence l'ancrage historique et l'évolution de deux mouvements de population, interdépendants depuis au moins le XIXe siècle : le pèlerinage à La Mecque et les migrations de travail indonésiennes. Les témoignages des consuls des Indes néerlandaises en poste à Jeddah tout comme les récits des fidèles révèlent que le pèlerinage en Terre Sainte, souvent qualifié de grand voyage spirituel, était dans les faits un périple périlleux (voire une migration). Certes, à mesure que la révolution des transports s'accomplissait, passant du voilier au bateau à vapeur, puis à l'avion, le nombre des pèlerins s'est accru alors que la durée du périple diminuait, transformant par cela même le pèlerinage en un voyage de masse organisé et institutionnalisé mais une constante subsistait, l'existence d'intermédiaires pour qui le pèlerinage et les migrations de travail restent un objet marchand.