En dépit de l'absence de toute tradition migratoire notable entre la péninsule Ibérique et l'archipel philippin, ce dernier pouvait en théorie offrir une solution alternative aux émigrants espagnols, surtout à partir de l'ouverture du canal de Suez et de la prise de conscience, par les autorités et l'opinion de la métropole, de l'importance des flux migratoires espagnols. Dans cet article, l'auteur souligne qu'en 1880 et 1890, de nombreuses voix se font entendre, à Madrid comme à Manille, pour défendre l'idée d'un détournement vers les Philippines des flux migratoires orientés vers des pays d'Europe, d'Afrique du Nord ou d'Amérique latine : les travailleurs espagnols immigrés aux Philippines pourraient ainsi mettre en valeur, pour le plus grand profit de la nation, des terres réputées fertiles et sous-exploitées ; terres où ils affirmeraient et défendraient, au besoin, la présence espagnole. L'auteur analyse notamment l'attitude de l'administration espagnole sur cette question.