Après avoir passé en revue les différentes études de sociologie religieuse après la Deuxième Guerre mondiale, l'auteur analyse la place du religieux dans la vie des sociétés contemporaines laïques (sous des formes différentes) et où l'adhésion croyante est présentée comme une affaire privée et individuelle. L'ouvrage tente de fournir quelques repères afin d'éclairer le phénomène de la fin des identités religieuses "héritées". L'appartenance religieuse semble de plus en plus "bricolée". Empruntant au christianisme, au judaïsme, à l'islam, au bouddhisme et au taoïsme, chacun semble s'inventer sa croyance, indépendamment de sa tradition familiale. L'auteur examine les figures du pèlerin et du converti dont l'identité mobile l'emporte aujourd'hui sur celle du pratiquant régulier. Enfin, pour ce qui est de l'Hexagone, la question religieuse est étudiée sur le plan politique. La République, confrontée à la prolifération des croyances et des communautés, apparaît privée de ses interlocuteurs institutionnels habituels. C'est pourquoi la sociologue propose un aggiornamento de la laïcité en terme de médiation et de refondation du lien social.
Positivement ou négativement, la religion peut être une «variable lourde» du comportement politique. La probabilité que le pratiquant régulier vote à droite a été et demeure très élevée. La politique moderne qui appelle à un espace d'innovation indéfiniment ouvert, s'établit ainsi dans une irréductible tension avec la religion. Laquelle postule, à l'inverse, une continuité nécessaire entre ce qui a été et ce qui doit être. Dans un pays de vieille civilisation catholique comme la France, le catholicisme demeure une des principales ressources de la mémoire collective au sein de la politique.