L'attention portée sur les disparités de développement des régions françaises de part et d'autre de la ligne Saint-Malo-Genève a longtemps détourné les chercheurs d'un autre phénomène intéressant : la perte de dynamisme industriel de la plus grande partie du Bassin Parisien entre le milieu du XIXème siècle et la Première Guerre mondiale. Pris comme un tout, le Bassin Parisien apparaît, tout au long de cette période comme un ensemble dynamique. Une étude menée à l'échelle des départements révèle un ample mouvement de redistribution du potentiel industriel au bénéfice presque exclusif de l'agglomération parisienne et une forte décélération de la croissance industrielle presque partout ailleurs. Le cas du Bassin Parisien permet de préciser la nature de la liaison qui existe entre la conjoncture démographique et l'industrialisation. Sur le marché de la main-d'oeuvre, l'industrie est la dernière servie : elle se trouve en concurrence avec le monde agricole, qui, une fois débarrassé de ses éléments les plus pauvres retient solidement sa population active, et le secteur tertiaire. Durant la seconde moitié du XIXème siècle, la concurrence entre les régions pour se procurer une main-d'oeuvre stable, qualifiée et régulière dans le travail, se fait plus âpre en France. Dans le Bassin Parisien, c'est l'agglomération parisienne qui sort gagnante de la compétition, parce qu'elle seule est en mesure d'offrir des salaires nettement supérieurs à la moyenne des salaires en France, attirant à elle une partie des meilleurs éléments des régions voisines.