L'émigration en provenance de l'Europe de l'Est ou de l'Europe Centrale est un phénomène récent lié à l'ouverture des frontières et à la situation économique qui affecte la migration interne entre ces pays. Le cas de la Bulgarie et le profil des migrants bulgares se distingue de celui de la Hongrie et de la Roumanie. La Pologne est devenue un pays de transit en raison de sa frontière avec l'Allemagne. La République tchèque accueille des réfugiés. La guerre en ex Yougoslavie a pour conséquence une population déplacée à l'intérieur du pays.
L'assouplissement du régime des passeports en Bulgarie, en juin 1989, a précédé de quelques mois l'effondrement de l'ancien pouvoir communiste. Exception faite de l'exode des Bulgares d'origine turque vers la Turquie, les premières vagues de migrants, en 1990, se sont dirigées vers les pays occidentaux européens. Cet article analyse le rôle significatif que joue l'imaginaire migratoire à la fois dans la décision d'émigrer et dans le type d'émigration envisagée : en effet, dans un pays à faible tradition migratoire, mal informé sur la réalité occidentale, la représentation de l'Occident joue un rôle dans les comportements migratoires et les discours qui les accompagnent. En prenant comme point de départ une enquête de terrain menée en août 92, l'auteur conclut que, si la décision d'émigrer est toujours le résultat d'une rupture entre ce qu'offre une société et ce que la population attend, il serait plus juste de parler ici d'un déséquilibre entre ce que propose la société bulgare et ce que les migrants croient pouvoir attendre des sociétés occidentales.
L'émigration des Bulgares date de 1989 et de la libéralisation du régime des passeports. On peut estimer à 5 000 le nombre d'émigrés Bulgares en France et à la différence de l'Allemagne, il s'agit surtout d'intellectuels. Même si la tendance est à la migration temporaire, l'exode des cerveaux s'explique à la fois par le rejet du communisme et par le désir de fuir les difficultés économiques, de réaliser une mobilité sociale souvent fantasmée. Confrontés, à l'individualisme de l'Occident, ces émigrés sont souvent en proie à de profondes déceptions.