Des quinze membres de l'Union, seuls le Royaume-Uni et, dans une moindre mesure, les Pays-Bas avaient fait de la lutte contre les discriminations le coeur de leur politique de gestion des minorités immigrées. Comment expliquer l'émergence d'une politique européenne à partir de traditions nationales contrastées ? Cet article rend compte des campagnes européennes de mobilisation et des négociations intergouvernementales qui ont conduit à l'adoption de l'article 13 à Amsterdam en 1997. En outre, l'article analyse l'adoption en un temps record de la directive « relative à la mise en oeuvre du principe d'égalité de traitement entre les personnes sans distinction de race ou d'origine ethnique » de juin 2000. Enfin nous présentons nos recherches sur le cas français afin d'éprouver la validité de l'hypothèse d'une européanisation de la politique d'intégration française. (Résumé de la revue).
Alors que le traité d'Amsterdam, entré en vigueur le 1er mai 1999, consacre la compétence de l'Union européenne en matière d'immigration et d'asile, le Conseil européen déclare lors du sommet de Tampere qu'il faut élaborer une politique européenne commune, les législations nationales relatives aux conditions d'entrée et de séjour des ressortissants des pays tiers devant être harmonisées.; Pour comprendre la dynamique d'élaboration d'une politique européenne d'immigration, il est nécessaire de prendre en compte les mécanismes de prise de décision au niveau de l'Union européenne et les logiques nationales et sectorielles qui influencent ces décisions. Dans un premier temps, l'auteur rappelle le cadre institutionnel mis en place par le traité d'Amsterdam et les raisons qui ont poussé les Etats membres à coopérer dans le domaine du contrôle aux frontières, de l'immigration et de l'asile, puis éclairela forme et le conrenu des principales mesures européennes adoptées depuis la mise en oeuvre du traité en 1999.
Depuis l'arrêt du recrutement de main-d'oeuvre étrangère en 1974, les gouvernements européens ont adopté des politiques de contrôle migratoire strict dans un contexte de montée de la xénophobie dans l'opinion, la presse et les discours politiques. Pourtant les étrangers bénéficient aujourd'hui de meilleures garanties de séjour, de l'accès aux droits sociaux et à certains droits politiques. Comment expliquer cette évolution paradoxale ? A partir d'une étude comparée des réformes des droits des étrangers en France, en Allemagne et aux Pays-Bas depuis 1974, l'ouvrage analyse l'impact des différents facteurs sur les réformes des droits des étrangers : stratégie des partis politiques, mobilisation des immigrés, normes " postnationales ", conception de l'Etat-nation. L'auteur élabore un modèle d'explication qui insiste sur l'ampleur du débat sur les réformes des droits des étrangers et sur le cadre institutionnel où les décisions sont prises. En effet, si les polémiques publiques sur l'immigration font échouer les réformes, celles-ci ont abouti lorsqu'elles ont fait l'objet de débats restreints aux administrations de l'Etat ou à la sphère judiciaire ou lorsqu'elles ont eu lieu dans des pays où les dirigeants politiques ont sciemment diminué la visibilité de ces réformes.