Etudier le vieillissement des immigrés conduit à se demander s'il existe une spécificité liée à l'origine étrangère des personnes âgées et s'il ne s'agit pas plutôt d'une catégorie construite par les pouvoirs publics. Ce qui oblige à analyser ce qui est de l'ordre des représentations, à savoir que l'immigré est toujours considéré comme un travailleur dont l'inactivité est perçue comme illégitime. L'analyse des statistiques, complétée d'un entretien auprès de résidents de foyer montre que les différences dépendent du cycle migratoire. Dans ce contexte, les Algériens sont les plus isolés. Les plus exclus sont les célibataires qui restent en France pour toucher leur retraite, bénéficier de soins médicaux et ne pratiquent le retour que de manière temporaire.
D'après le recensement de 1982, l'analyse des statistiques concernant les personnes âgées en région parisienne révèle un taux d'activité élevé et une sur-masculinité qui varie selon l'ancienneté de la vague migratoire. Les comparaisons par nationalités auprès des naturalisés et des hors-ménages résidant en foyer confirment que l'on peut distinguer trois catégories d'immigrés âgés : les Italiens et Espagnols, les Marocains-Portugais-Tunisiens et enfin les Algériens qui cumulent handicaps et stigmatisation.
A travers l'exemple d'une association de solidarité sur le déclin, l'auteur analyse le parallélisme du vieillissement d'une structure avec celui de ses membres. L'examen de trajectoire migratoire de vieux militants de la vie associative montre comment meurent peu à peu les réseaux d'entraide à mesure que ne subsistent que des personnes âgées dont la retraite est marquée par l'investissement dans les relations familiales et les relations entre générations, l'importance des petits-enfants et l'échec du retour.