L'article traite d'une cité ouvrière de la grande couronne parisienne où se sont rassemblés seize groupes familiaux marocains dont les pères ont travaillé comme manoeuvres dans la même entreprise au Maroc et ensuite en France entre 1955 et 1992. Les trajectoires scolaires et profesionnelles des enfants constituent le résultat du croisement entre l'espace historique des possibles scolaires et professionnels et les moyens mis en oeuvre par les familles afin de conserver ou améliorer leur position sociale. L'auteur rend compte d'un entretien mené en 1992 avec la personne qui a été successivement enseignante puis directrice de l'école primaire qui a fonctionné entre 1961 et 1980. La trajectoire de cette institutrice permet de comprendre son influence sur les devenirs scolaires de certains de ses élèves - qu'ils aient poursuivi des études supérieures ou quitté de façon précoce le système scolaire.
Une étude, menée auprès de familles immigrées marocaines appartenant originellement aux catégories des paysans, des « dépaysannés », des commerçants et des sous-prolétaires, souligne l'influence du statut des parents sur les trajectoires des jeunes.