A Nanterrre, la proximité de la faculté et du bidonville fut pour les étudiants gauchistes - fils de bourgeois - une occasion d'expérimenter l'authenticité révolutionnaire qu'ils cherchaient : visites au bidonville, ravitaillement (mal perçu...) lors des grèves, utilisation du restaurant universitaire; plus tard, en 1970, "crêche sauvage" à la faculté, "week-end sauvage" des enfants immigrés à la mer. Le but était-il d'intégrer les immigrés dans un combat pour l'égalité, ou de conforter l'image de marque du gauchisme en les utilisant? D'où, assez vite, une réelle suspicion chez les immigrés bien que les contacts aient éveillés chez les jeunes un conflit de générations, ainsi qu'une prise de conscience de la situation. (Résumé de l'auteur)
Le 12 juin 1968, le gouvernement français annonçait l'expulsion d'un certain nombre d'étrangers ayant, selon lui, participé aux désordres publics qui avaient ébranlé la France pendant les six semaines précédentes. Le but de cet article est de se pencher sur l'identité des personnes frappées par cette mesure, leur nationalité, leur âge, leur catégorie socio-professionnelle. A part l'acte d'expulsion lui-même, les documents qui existent sur les expulsés sont également utiles pour étudier la question du rôle que les immigrés ont joué dans les événements de Mai 68 en France ainsi que celle de l'ampleur de la résistance et des mouvements de défense de la société française à l'égard des étrangers expulsés.