Cet article appréhende la frontière non pas comme des lignes de partage, mais comme des espaces spécifiques où des processus innovants se développent. A partir de là, l'auteur confronte le contenu des pratiques de populations localisées de part et d'autre d'une frontière et leurs conséquences pour les territoires. Les particularités de ces pratiques seront analysées en référence à deux situations rendant compte des relations Nord-Sud. Le premier exemple est emprunté au sud des Etats-Unis et au nord du Mexique : la continuité territoriale permet alors de mettre en valeur les modifications socio-culturelles et économiques inscrites dans un territoire double. Le deuxième exemple concerne des populations originaires de l'Afrique de l'Ouest résidant en France : ce n'est pas ici leur statut de travailleur migrant qui sera analysé, mais celui d'initiateurs de projets, qui modifient leurs villages d'origine. Ici, les pratiques transfrontalières sont délocalisées et se produisent dans des espaces non contigus.
Les migrants originaires de la région des trois frontières (Mali, Mauritanie, Sénégal) sont d'abord partis pour des raisons économiques. La double crise, celle des pays d'installation avec le chômage, et celle des pays d'origine avec la sécheresse qui perdurait à progressivement modifié la perception du séjour en France. Les limitations portées par le gouvernement français n'ont fait que renforcer la place et le rôle revenant à ceux qui avaient migré et ce tant dans les pays d'installation que dans les pays d'origine.