Une présentation rapide des configurations de l'immigration en France suivie d'une chronologie des réponses politiques et institutionnelles à un phénomène perçu au départ comme purement économique. Mais sa pérennisation, la complexité des rapports de l'ancienne puissance coloniale avec «ses» immigrés, la tradition assimilationniste de la France ont brouillé et brouillent encore aujourd'hui autant les discours et dispositifs d'intégration que la désignation exacte de leurs bénéficiaires potentiels. Etude d'une politique sociale qui, à bien des égards, se cherche encore à travers des programmes politiques régionaux ou locaux, notamment en matière de formation, d'emploi, de lutte contre l'échec scolaire, et la ségrégation urbaine par la mise en oeuvre des contrats d'agglomération.
L'analyse des problèmes sociaux-généraux et particuliers-liés à la pérennisation du phénomène migratoire, celle de la politique sociale censée y répondre est soumise à un certain nombre de difficultés. La principale d'entre elles, conjuguée à l'évidente imprécision sémantique des discours officiels, tient à la définition générale de l'objet de ces politiques. Car les problèmes rencontrés, en France et au Royaume-Uni ne sont pas tant ceux de l'intégration des populations étrangères que ceux du développement devenu inévitable de relations sociales, politiques et culturelles avec des groupes désignés comme minoritaires.
L'histoire des migrations, ne serait-ce que parce qu'elle est jalonnée par plusieurs étapes-différenciées tant par le profil des populations arrivantes que par le contexte économico-politique nécessairement évolutif des pays concernés par la migration-doit être aussi l'histoire des différentes politiques ou absence de politiques mises en place à chacune de ces étapes. Approche diachronique et étude comparative du traitement de la problématique immigration.
Genèse, évolutions et caractéristiques principales du mouvement migratoire issu de l'héritage colonial important de deux pays, la France et le Royaume-Uni. Les Britanniques ont d'emblée privilégié un traitement civil et intercommunautaire alors que les Français ont initié leur actuelle politique d'intégration par un traitement social spécialisé. Etude de deux approches, à priori contradictoires et devenues aujourd'hui convergentes.
La pérennisation du phénomène migratoire, par ses multiples expressions, oblige à repenser les processus d'installation et d'intégration, non plus dans leur globalité mais dans un champ de perception nouveau qui est aussi celui de l'expérimentation des politiques d'intégration, autrement dit l'échelon local. Mais que signifie exactement le local. Ne permet-il pas parfois aux décideurs concernés, d'éluder autant la définition de leur (s) politique (s) que leur (s) objet (s). Etude comparative des politiques publiques d'intégration dans leurs multiples et souvent contradictoires dimensions historiques, sociales et culturelles.
Au terme de cette étude comparative, il est possible de dégager quelques constats. L'approche sociologique permet de conclure à l'intégration progressive des immigrés dans la société d'accueil. Ces processus d'intégration se développent dans des sociétés distinctes elles-mêmes affectées par les incidences de conjonctures sociales, politiques, économiques variables. L'approche historique est donc particulièrement opératoire notamment quand elle envisage les mouvements sociaux globaux, dans leur dislocation comme dans leurs modes de recomposition. Enfin l'évolution de la conception du «fait national» dans ses multiples avatars, y compris les plus régressifs, permet de mettre en évidence les nouvelles formes de participation politique et sociale.
L'étude comparative des politiques d'immigration au Royaume-Uni et en France fait ressortir de nombreuses convergences mais aussi une dynamique contrastive entre les deux approches, essentiellement liée au statut différent des minorités immigrées dans les deux pays. D'un côté, elles sont pourvues de la citoyenneté et du droit de vote, de l'autre, elles en sont privées. Partant de ce constat, ce chapitre étudie les relations entre les minorités immigrées, le système politique et les politiques publiques de chaque Etat pour mieux dégager les configurations de l'offre politique face aux demandes sociales.