Considérant d'une part que l'étude sur le terrain des transferts de population en cours de réalisation est rarement possible et, d'autre part, que les catégories usuelles d'analyse fondées sur la distinction entre "mouvement forcé" et "mouvement volontaire" masquent une réalité bien plus complexe, l'auteur propose de centrer l'analyse sur les pratiques et les symboliques que les populations concernées sélectionnent pour faire face aux déplacements. A partir de l'ethnographie d'un groupe nubien d'Egypte, migrant depuis l'Antiquité et transféré en Nouvelle Nubie en 1963, lors de la construction du barrage d'Assouan, le chercheur interroge les relations d'une population migrante à son territoire réel et mythique. De même, il montre comment un groupe peut transformer la contrainte migratoire en un élément identitaire valorisé et rend compte du rôle fondamental des interrelations entre migrants et sédentaires.