La présente synthèse rend compte des résultats d'une étude menée en 1999 portant sur trois populations originaires de Haute Asie et établies en Ile-de-France. L'étude s'appuie sur des recherches et des analyses bibliographiques, sur une enquête par questionnaire et sur des entretiens de type semi-directif, réalisés auprès des populations concernées d'une part, et auprès d'acteurs institutionnels, associatifs et des autorités consulaires d'autre part. Elle s'est attachée à décrire les trois populations, à mettre en relief le caractère diasporique des trajectoires et des populations, et leur degré d'intégration en France ; elle propose enfin des pistes de réflexion sur les nations en diaspora.
A partir de trois minorités éthniques orginaires de Haute Asie, les Kazakhs, les Kalmonks et lesTibétains, l'étude retrace l'histoire oubliée de ce flux migratoire qui a pour caractéristique commune d'avoir ou d'avoir eu une intégration ou une assimilation en France extrêmement rapide qui tient pour partie à son héritage nomade ou persécuté pour des raisons politiques ou religieuses. Derrière ces peuples et leur exil, le travail d'érudition soulève des questions de fond : les présupposés identitaires culturels, religieux, politiques s'invisibilisent mais jusqu'où et pourquoi ?
Le texte traite des espaces de solidarités socio-économiques de concertation, d'animation et d'intervention au sein des réseaux diasporiques tibétains en Inde. De plus, il montre dans quelle mesure s'exerce l'influence de l'échelle globale sur le système de relations locales. Le statut de réfugié délivré par les autorités indiennes interdit aux Tibétains d'acheter un terrain ou une maison. Ces derniers ont été assignés collectivement à résidence dans les zones accordées par les différents gouvernements locaux avec un bail de cent ans. Ils ont dû s'installer dans des régions reculées, isolées de toute grande ville où la densité de la population est inférieure à 60 km2. Au contact avec la société indienne, la stratégie du Dalaï Lama a été sollicitée par la prise de conscience de l'ensemble des Tibétains. Ce sentiment a favorisé le projet de maintien d'un lien communautaire et fait naître un nouveau sentiment national. Le territoire en exil correspond ainsi aux espaces où les Tibétains vivent, communiquent et se projettent. En outre, il présente la particularité d'être pratiqué non seulement par la communauté tibétaine exilée mais aussi par les Occidentaux, dont l'intégration s'est pratiquée par leur allégeance au bouddhisme.