Un voyage dans l'expression culturelle d'écrivains Noirs Américains des Etats-Unis, qui instaure notamment appel et réponse entre les imaginaires de Ntozake Shange et de Toni Morrison, nous permet d'interroger la symbolique des couleurs et de montrer comment, au-delà d'une simple fonction emblématique de l'identité ou de l'ethnicité, les couleurs sont aussi, dans les espaces textuels analysés, métaphores d'un désir et d'une création d'espace.
L'article tente de démontrer que l'originalité de cette oeuvre réside dans les multiples intersections des discours adoptés dans l'alternance de langues et de langages. Le périple identitaire de l'auteur est une tentative de transgresser les frontières ethniques, sociales et sexuelles érigées par les trois cultures, des Mexicains, des Indiens et de la culture américaine des Etats-Unis, qui aboutit à une réinvention de son identité.
L'identité n'est pas un concept statique, mais un trajet dialogique entre le Même et l'Autre. Cet article tente de mettre ce trajet en évidence dans trois ouvrages fondateurs de la littérature des Asiatiques aux Etats-Unis. «America is in the heart», de Carlos Bulosan, «Eat a bowl of tea», de Louis Chu et «No-No Boy», de John Okada. Dans ces oeuvres qui se présentent comme un parcours initiatique, la dislocation initiale de l'exil et de l'adieu à l'enfance se parachève en une traversée du labyrinthe. L'aliénation dans les Etats-Unis xénophobes s'inverse pourtant en une renaissance ou nouvelle alliance avec l'Amérique. La geste littéraire est l'expression de cette revendication dans le pays d'accueil.
On constate aujourd'hui une plus grande exposition à la culture blanche et une acculturation certaine aux valeurs dominantes parmi la bourgeoisie noire excentrée dans la banlieue, mais l'importance attachée par ce groupe au système de parenté et à l'église noire démontre la rétention ou même le retour vers les pratiques de la communauté d'origine. Cette étude se fonde en partie sur des entretiens effectués aux Etats-Unis (Missouri, Saint-Louis) entre 1983-1987 et en été 1992.
Destination privilégiée de la vague actuelle d'immigration, Los Angeles ressemble au New York du tournant du siècle par son rôle économique international et sa diversité ethnique. Mais ses particularités défient les modèles établis : les expériences migratoires multiples de ses nouveaux résidents, l'hétérogénité de sa population en perpétuel mouvement, un développement urbain polycentrique, un rêve californien ambigu nourrissent un mélange racial et social qui pourrait bien être explosif, à moins que les Angelinos qui prennent conscience de leur spécificité, ne parviennent à s'unir sous une nouvelle identité collective.
La quête identitaire des groupes ethniques dans les États-Unis d'aujourd'hui est étudiée comme un déplacement à travers un espace privé ou public, dont les frontières, les repères et les codes sont constamment redéfinis. (Présentation de l'éditeur)
Cet essai se propose d'examiner la période de l'incarcération des Japonais aux Etats-Unis. A travers l'analyse des rituels engagés dans la conception de jardins japonais, il montre d'abord comment une tradition fut réinventée, puis analyse l'ambiguïté contenue dans l'exercice de pratiques culturelles qui exprimaient une quête d'identité indissociable du repli dans le passé et de la résistance créatrice. Tout comme ces créations paysagères, les évocations du paysage de l'exil sont aussi abordées pour leur valeur symbolique.
Les changements de noms imposés de manière quasi-systématique aux esclaves Africains des Etats-Unis à leur arrivée sur le sol américain ont eu un impact considérable sur la vie culturelle et sociale de la communauté afro-américaine. La perte de nom ou de la capacité de nommer, durant la captivité et son éventuelle reconquête lors de l'émancipation occupent une place essentielle dans le récit d'anciens esclaves. Quatre d'entre eux, choisis pour leur qualité littéraire autant que pour la diversité des expériences relatées, sont étudiés ici. Dans ces récits, le rituel de nomination remplit deux fonctions en relation dialectique : l'une de destruction et d'aliénation, l'autre de création et d'ouverture.
Charles Johnson a souvent mis en scène l'identité des Noirs en insistant sur la dynamique structurelle et les pièges psychologiques de l'esclavage. Son approche procède de son intérêt pour la phénoménologie et le bouddhisme zen. Dans sa nouvelle «L'éducation de Mingo», la relation entre maître et esclaves devient la métaphore de ce que l'on peut appeler en termes hégéliens Selbst-Bewusstsein. Cette définition complexe de l'identité personnelle dépassant les catégories artificielles de genre race, histoire, enrichit le débat sur l'ethnicité et le multiculturalisme.
La fiction ethnique contemporaine utilise une forme particulière du pathétique comme stratégie en vue de la connaissance ethnique. C'est un facteur majeur dans la construction de l'identité ethnique et l'identification d'une sémiotique basée sur la thématisation de la subjectivité. Légendes, culture populaire, quêtes généalogiques, scènes fondatrices suscitent un espace de solidarité communautaire visant à une prise de pouvoir dans une culture démocratique en proie au doute.
Une typologie du kabuki sur la scène aux Etats-Unis permet d'interroger la pertinence linguistique du terme interculturalisme. Certains emprunts entraînent la refonte chronotopique d'une pièce selon une démarche de transculturation, d'autres, utopiques, relèvent d'une stratégie interthéâtrale en juxtaposant un style japonais à une textualité et à une référentialité occidentales intactes. Ailleurs encore, partie prenante d'une rhétorique postmoderne, le kabuki se constitue en trope de l'allégorie et désigne la liberté de l'hybridation esthétique. Au gré de fertiles malentendus, la poétique de l'emprunt finit par théatraliser un modèle qui se prête tout au long à une subversion respectueuse.
Une mise en regard de l'histoire de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique et des représentations qu'en a sa population d'origine mexicaine actuelle montre à quel point il y a continuité entre le passé et le présent même s'il y a eu rupture historique à l'issue de la guerre entre les deux pays. La frontière fut et demeure un centre pour les groupes qui l'ont habitée et l'habitent encore. Une enquête menée auprès des Chicanos frontaliers confirme non seulement que la frontière a été une catégorie participant d'une façon déterminante, à l'auto-identification des populations de frontaliers, mais aussi qu'elle renouvelle la question de l'identité Chicano. C'est autour de la frontière que se noue un rapport, le seul qui identifie véritablement les Chicanos.