Les deux bandes étudiées, composées de jeunes d'origine maghrébine, sont condamnées à l'enfermement dans le quartier, alors que la mobilité est une valeur fondamentale de notre société. En dehors de certains pôles de regroupement, centre commercial, gare du RER, cafés, elles réservent à leur usage exclusif des espaces interstitiels, intermédiaires et provisoires, qu'elles défendent contre les intrusions extérieures ou intérieures. Quant elle s'évade de la cité, à l'occasion de virées, la bande, devenue fragile, se resserre comme un bloc, et considère l'extérieur avec les mêmes préjugés défavorables que ceux dont elle est elle-même l'objet.
Dans une même génération d'enfants d'origine maghrébine, la condition des jeunes filles a considérablement évolué en dix ans. Les aînés n'ont souvent trouvé qu'une adolescence délinquante alors que la génération des petites soeurs se donne les moyens d'une émancipation plus durable et plus réelle où la réussite scolaire et professionnelle passe avant le mariage.
Approche du phénomène des bandes de jeunes, définition conceptuelle de la bande, observation de ses diverses manifestations sociales, de ses modes de régulation interne et des dysfonctionnements socio-culturels qu'elle révèle. Cette étude de l'écart entre culture dominante et sub-cultures est étayée par une confrontation de l'état des recherches existantes et des analyses personnelles générées par des enquêtes de terrain.