L'installation des femmes marocaines en terre d'immigration ne les a pas laissées imperméables aux valeurs et aux normes de leur société d'accueil. La gêne que quelques femmes montraient à porter des habits occidentaux, à parler la langue française ou à fréquenter la mosquée, incite à examiner de plus près ces trois comportements, au sein de leur espace domestique et à l'extérieur de celui-ci.
Etude du vécu et des pratiques socio-spatiales des femmes marocaines installées à Gennevilliers durant les vacances d'été au Maroc. Pour ce faire, l'auteur analyse tour à tour le développement de nouvelles pratiques touristiques et la persistance d'activités traditionnelles : parcours du Maroc, fréquentation de stations thermales et des stations balnéaires, pélerinage, fréquentation du centre-ville, du café et du hammam, les fêtes étant l'occasion d'afficher leur réussite sociale et de susciter admiration et jalousie dans leurs rapports de voisinage.
Cette recherche porte sur l'étude des pratiques spatiales des femmes immigrées marocaines installées dans la commune de Gennevilliers et de Poitiers. Elle analyse en particulier leur espace vécu (espace domestique et espace public) et leur circulation migratoire entre leur société d'accueil (la France) et leur terre natale (le Maroc). Il s'avère que les Marocaines ont réussi à s'approprier leur foyer en y faisant cohabiter deux cultures : le maintien des valeurs et des normes du pays d'origine, et l'intégration de celles du pays d'installation. Leurs relations avec les membres de leur famille ont aussi enregistré des changements. Ces transformations sont à mettre en relation avec les différents rapports qu'elles entretiennent avec l'espace public. Elles sont parvenues à sortir de leur espace domestique, en s'ouvrant sur leur entourage (voisinage), en participant à la vie collective de leur quartier (associations) et en fréquentant divers lieux. Elles ont élargi leur cadre de vie et se sont familiarisées avec l'espace urbain qui, à leur arrivée en France, leur était méconnu et par conséquent difficile à pratiquer. On peut désormais affirmer que leur participation au monde extérieur témoigne d'une grande volonté d'intégration et du dynamisme de leur nouvelle vie. La vie que les femmes ont réussi à élaborer et à mener en France, elles l'ont construite en rapport avec leur pays d'origine. Celui-ci est toujours présent dans leur esprit. Son emprise sur les Marocaines se mesure par l'ampleur des appels téléphoniques, des transferts monétaires ainsi que par les retours estivaux et les produits introduits dans le but d'être offerts ou revendus. En rejoignant leurs maris en terre d'immigration, les femmes ont non seulement modifié le mode de vie de ceux-ci mais également leur projet du retour définitif. Elles ont transformé le temporaire en permanent. (Résumé de l'auteur).