Ce livre examine les origines démocratiques du multiculturalisme, ses fondements philosophiques et le développement, à travers le monde, de politiques qui s'en inspirent par la promotion des droits culturels, la recherche de nouvelles formes de citoyenneté, les discriminations positives.
La période actuelle est marquée par la simultanéité et la jonction dans les discours et les politiques publics entre, d'une part, la valorisation de la « diversité » et de la « mixité » et, d'autre part, la stigmatisation de l'Autre, notamment incarné dans la figure du migrant et de l'exilé. Ce sont les lignes de cette articulation paradoxale ainsi que les ambiguïtés de ses usages politiques, dans leurs formes historiques et actuelles, que nous souhaitons interroger ici à partir de communications portant sur la construction sociale et politique et sur la structure des discours et des pratiques concernant les discriminations et leur requalification récente en France en « ouverture à la diversité » et, simultanément, le durcissement des frontières tant politiques que sociales et symboliques à l'ouvre dans les sociétés européennes, et dans la société française en particulier.
L'objectif de ce texte est de retracer l'émergence et d'étudier les applications de ce nouvel idéal dans sa double dimension, d'articulation aux principes de non-discrimination qui ont constitué en France le contexte politique et institutionnel de son émergence, d'une part, et au principe de reconnaissance, d'autre part, revendiqué par la plupart des acteurs engagés dans ce mouvement, du caractère « pluriethnique » et multiculturel de la société française. Il se base sur une enquête menée entre 2006 et 2008 dans la métropole lilloise et en région parisienne auprès d'associations militantes et professionnelles, de personnalités et d'acteurs institutionnels...
La France a inventé un nouveau mode d'action publique, la discrimination positive territoriale, instrument ingénieux de gestion de l'ethnicité qui permettrait à la fois d'agir en direction des minorités et de conserver le principe républicain de neutralité de l'État. Cette équation entre territoire et ethnicité, qui fait aujourd'hui l'unanimité, est cependant à interroger. C'est ce que propose de faire cet ouvrage à travers une étude historique et empirique des politiques de la ville, à qui on doit en France la construction des "quartiers sensibles" en catégorie de l'action publique. Il explore plus particulièrement trois champs problématiques : le développement et l'institutionnalisation des pratiques de discrimination positive territoriale, l'arrimage au territoire des politiques d'intégration puis de lutte contre les discriminations, et enfin le soutien public aux organisations "communautaires" des migrants et de leurs descendants.
Depuis l'Antiquité, la réflexion sur le politique a été une interrogation sur le vivre-ensemble : comment faire société, comment concilier unité et pluralité des valeurs et des cultures ? Faut-il araser ou consacrer les différences ? Depuis une vingtaine d'années, le débat qui s'est fait plus vif sur ces questions a été posé dans les termes du multiculturalisme, projet de reconnaissance équitable des différentes "cultures" dans l'espace public. Le livre examine les origines démocratiques de cet idéal, ses fondements philosophiques et le développement, à travers le monde, de politiques qui s'en s'inspirent par la promotion de droits culturels, la recherche de nouvelles formes de citoyenneté, les discriminations positives. Il éclaire en particulier la situation française où la rhétorique politique contre le multiculturalisme est forte, alors que l'évolution observable dans les logiques institutionnelles met, de fait, à l'épreuve l'universalisme du modèle républicain.